vendredi 28 février 2025

Apophtegme

Lorsqu’un homme vient d’être embauché aux pompes funèbres, doit-il d’abord faire une période décès ?

 Danny Yount - Six Feet Under (Opening)


samedi 22 février 2025

Still In The Air - Part.4


Lors des hivers avec des périodes de froid glacial comme nous en avons ces dernières semaines, j’enfile mon gros pull, cadeau de ma Mère il y a sans doute plus de 20 ans. Immédiatement, je me transforme en grosse pelote de laine. Elle tricote comme elle cuisine : au pif. D’un gris imprécis, sans recto ni verso, il m’arrive aux genoux, deux longueurs de bras par manche (miraculeusement égales) ; tout le monde peut rentrer dedans, et quand je dis “tout le monde”... c’est tout le monde en même temps. Il est chaud, confortable, un cocon de douceur. S. le portrait souvent quand nous vivions ensemble. Quand il faisait la gueule pour d’amphigouriques raisons, il l'enfilait pour dormir sur le canapé complétant ainsi la chaleur du plaid. Je ne l’ai jamais lavé je crois, c’est un peu mon doudou à moi. Je ne regarde plus la TV. Pour les nouvelles, je consulte vos blogs et ce que je lis ne m’encourage pas à l’allumer. Aussi, 20h30 / 21h00, il n’est pas rare que je sois déjà couché emmitouflé pour bouquiner dans le confort de ses grosses mailles. En ce moment, j’alterne entre littérature distrayante et classique. Quand on s’attaque aux Misérables de Victor Hugo, j’imagine que tout ce qui peut arriver à côté dans la vie ne peut être que mieux. Quand je referme le bouquin, les yeux restent quelques instants agrafés au plafond, tel le penseur de Rodin alité. Je me dis que finalement, cette vie bien “rangée” n’a peut-être pas lieu d’être “dérangée”. J’ai tout ce qu’il me faut et je suis sans doute plus privilégié que d’autres. Je fais ce que je veux, quand je le veux. Je peux même me permettre de ne rien faire, ce qui est une grande nouveauté chez moi qui ait toujours eu une certaine urgence à ajouter des tâches superfétatoires à ma vie, histoire de tuer l’ennui ou vaincre ce vice typiquement judéo-chrétien qu’est la paresse. Pour tout dire, j’avouerai que je peux même parfois me sentir satisfait autrement qu’à deux. Pendant trop longtemps, mon cerveau a investi dans le fantasme de mon premier amour intense. Comme pour beaucoup (peut-être ?) quand la relation a pris fin, inconsciemment, je courais toujours après pensant vivre avec un autre aussi bien sinon mieux… je recherchais les effets de ce premier “shoot” quoi ! J’en suis conscient aujourd’hui et cela me soulage de pouvoir l’accepter. L'expérience est un bon professeur ; certes, elle m'a coûté cher mais elle explique bien et quand bien même je ne comprenais pas, elle m'a rabâché la leçon jusqu'à ce que je la sâche. Ça peut prendre du temps, même si malgré tout, je pense que sur la question sentimentale, l’expérience peut être une lanterne que l’on porte dans le dos.
Je pressens qu’il va y avoir des bouleversements dans ma vie cette année ; de quel ordre, je ne pourrai le dire et, je ne sais pas pourquoi, mais je ne suis pas si pressé de le découvrir. D’après une amie de Manu, qui lit dans les boules de cristal vissées aux rampes d’escaliers, je vais rencontrer quelqu’un de plus âgé, de cultivé, qui aime lire, et qu’elle visualise dans un nuage de fumée mystique, installé dans un fauteuil confortable. Okay ! Pourquoi pas ?! Seulement le fauteuil, j’espère que je n’aurais pas à le pousser. Je ne veux pas me transformer en infirmière ou à l’inverse, je n’ai pas les moyens d’être un sugar daddy. “Alors, cette fameuse rencontre c’est pour quand ?” - “Still in the air, buddy!”  Qu’importe ! Je profite du célibat : je peux descendre de mon lit des deux côtés, pas de dispute, pas de jalousie, zéro tracas. Pour l’instant, je suis l’homme de ma vie et ça me suffit.

[+]Crédit Photo Pierre et Gilles - La Voyante
[+]La p’tite musique qui va bien avec ⏯️ Fiona Apple - “Why Try to Change Me Now”

vendredi 21 février 2025

De mon balcon

 


Le 7 février 2025 à 17h14

[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Kate Bush - "50 Words For Snow"

samedi 15 février 2025

Still In The Air - Part.3

Ça doit faire plus d’un an et demi que je n’ai pas eu de relation sexuelle. Je peux difficilement dater la dernière fois que s’est arrivé et en réalisant que je peux classer les acteurs de porno gay par ordre alphabétique c’est, que de toute manière, ça fait déjà trop longtemps. En plein travaux, chez moi en avril de l’année dernière, lors des premières érections printanières et des espoirs florissants, j’avais pourtant tenté une approche auprès d’un mec et entamé la conversation qui finalement tourna court. Le vent que je me suis pris m’a envoyé direct en orbite et depuis, je ne suis pas redescendu.


Désormais, je peux classer les stars de porno gay par ordre alphabêtique… et par genre. Vieillir n’est pas tellement un problème pour moi, je me sens bien dans ma cinquantaine. Il y a, évidemment, ses poils poivre et sel qui parsèment ma barbe, les cheveux blancs qui apparaissent dans ma chevelure, aussi lourds que des kilos en trop ; ils sont indéniablement les témoins des soucis mais également des déceptions données et reçues dans ma vie. Bien que, selon certains, ils ajoutent une esthétique et du charme, ils révèlent avant tout le poids des ans, ils marquent le temps qui passe, l’entrée dans une autre ère ; ils balisent les kilomètres qui restent à faire. Fini le temps où l’on me suivait dans la rue et dans peu de temps, quand cela arrivera, ce sera pour me la faire traverser. Cela ne me désespère pas mais réduit indéniablement mes espoirs de vivre et construire une relation. Fred est un ami du lycée, nous échangeons beaucoup. Il est extraverti, drôle, sans complexe, aventureux, un brin effronté, amateur de plans culs divers et variés qu’il oublie aussitôt qu’il a refait le lit. Autant dire, que l’on se ressemble à peu près… sur rien. C’est d’ailleurs pour cette raison que nous sommes amis. Il est en couple communément appelé “libre” avec Malik de près de 15 ans de moins. Ça fonctionne, il forme un très beau couple attendrissant et plein de projets. Début janvier, c’est au restaurant qu’on entame une discussion, autour de clients qui ont baissé le son afin de ne rien manquer de notre échange sans discrétion : 

Fred: Tu devrais te manier à retrouver la clé du champ de tir.
Moi: C’est-à-dire ?
Fred: Te dégourdir la bite quoi !
Moi: Développe s’il te plait. 
Malik: Il veut dire que tu devrais faire des plans culs.
Moi:  Je suis complètement hermétique aux applications et sites de rencontres, ça m’énerve et me frustre.
Fred: Dans ton bar, là, en face : si quelqu’un te plait, ose ! Après tout, un moment de honte est vite passé. 
Moi: Ce qui leur plaît surtout, "dans mon bar, là, en face", c'est tout ce qui ferme sa gueule.
Fred: J’suis sûr que tu loupes des occasions car justement tu ne parles à personne.  
Malik: tu as du charme, arrête de sortir avec cette tête de cocker triste.
Fred:  Bah oui, on dirait que le dernier missile à tête chercheuse israëlien est venu s’écraser pile sur tes nouvelles baskettes.  
Moi: Je ne suis pas doué pour les coups d’un soir… pas envie
Malik: C’est dans ta tête.
Moi: Il m’est difficile de remuer la queue sans un minimum d’attachement et de sentiment ; tout n’est pas qu’une question de mécanique chez moi.
Fred: Ah bon ?!? t’attends d’avoir 80 piges et bander mou pour t’y remettre, baise ! Cela fera baisser ton taux de cortisol, dopera ta dopamine et boustera ta confiance en toi.
Moi: … pas prêt à remettre le couvert…    
Malik: T’es resté bloqué en plein milieu des 7 étapes du deuil. T’as loué une piaule entre “la colère” et “la tristesse” et tu y fais les cent pas. 
Moi: Alors ça, c’est vraiment l’argument indiscutable d’une psychanalyse réussie !  
Fred: Tu vas finir par mourir avec ta vie sentimentale devant toi Nicolas.
Moi: J’espère pas, j’en suis juste encore à me demander combien de temps il va me falloir pour m’en remettre ?
Fred: (silence)
Malik: (silence)
Moi: (silence)
Fred: Au moins, oui.

(À suivre…)

[+]Crédit Photos Nickie - Childhood Friend et Arte Gay by Larry Hill
[+] La p’tite musique qui va bien avec ⏯️ Heather Headley - In My Mind

vendredi 14 février 2025

Bonne Saint Valentin


Et surtout !!! Tu ne me touches pas !!!

"La Saint Valentin pour un célibataire, c'est un peu comme un 1er mai pour un chômeur."

[+] Album des Dessins mythologiques érotico-gays de Piros Coltman

lundi 10 février 2025

À l'ombre du cyprès

C’est en me forçant un peu et pour faire plaisir à ma Mère que je me suis rendu à une soirée organisée à l’occasion d'un jumelage avec le Liban samedi. L’invitation était émise par mon cousin qui fait partie du bureau et qui transmet les invitations par son association du sentier botanique dont je suis membre. C'était un repas festif choucroute ; ce n’est pas mon plat préféré, j’ai un peu de mal à digérer le chou cuit cependant, je dois avouer qu’elle était excellente. Maintenant, ce genre d’événement ou partout où il y a trop de monde, me rendent un peu nerveux et mal à l’aise. C’est pourtant en me mêlant à ces d’ambiances que je pourrais me re-sociabiliser, ce n'est pas gagné. Pourtant, il y avait des possibilités de rencontres ou de liens à créer mais ça, je ne sais plus trop faire... mais j'y reviens doucement.




samedi 8 février 2025

Still In The Air - Part.2

Parler de moi, à ce stade de ma vie, c’est parler du Longchamp… c’est quasi la seule interaction sociale que j’ai actuellement. Combien y a-t-il de Longchamp, bar PMU, en France ? Une bonne pelletée je pense. Celui que je fréquente trop assez régulièrement depuis plus d’un an est un endroit qui me rappelle le temps où je voyageais pas mal. Les ambiances de quais de gare, les transits dans les aéroports, les no man's lands non sans surprise, les stopovers au milieu de nul part… ça a toujours été mon truc. En fait, je n’ai jamais vraiment atterri, ni dans ma tête, ni dans ma vie. Ce bar, c’est un peu mon aéroport “d’occasion” à moi ; il atterrit là, n’importe qui, n’importe quand… parfois n’importe comment. Derrière le comptoir, un p’tit asiatique déjanté, ironiquement drôle et adorablement psychopathe tente de garder l’ordre dans l’établissement en buvant un whisky pour trois consommations servies. 


Situé en face de la gare et côté clientèle, il y a les habitués du quartier : genre le tout Belsunce marseillais avec leur café / verre d’eau qui leur fait tout l’après-midi, les petits vieux indécrottables qui notent même plus les changements de propriétaire, les piliers de bar imbibés avec leurs brèves de comptoire, leur drague hétéro ou homo lourde, les turffeurs et autres joueurs de FDJ. Parmi les consommateurs sobres financièrement, il y a également les nouveaux arrivants, fraîchement débarqués de leur pirogue et majoritairement black qui trouvent, au grand damne du patron, un endroit pour se poser et passer le temps. Beaucoup ne viennent certainement pas de pays en guerre et ne sont pas, dans le strict respect de la loi, éligible à l’asile. Cela ressemble davantage, vu de l'extérieur, à une immigration économique. C’est, à mon avis, tout aussi honorable. Se résoudre à opter pour une traversée redoutable en mer au péril de leur vie pour venir en Europe afin d’échapper à un environnement qui de toute façon ne leur apportera rien et ne permettra pas de faire vivre leur famille, est un choix impérieux que nous Occidentaux, avons de la peine à concevoir et à accepter. Intimement, je pense que la planète appartient à tout le monde. Pourtant, tel qu'elle est stupidement régentée,  je suis de ceux qui ne sont pas pour l’immigration (massive), je suis bien trop conscient qu’ils viennent se chercher en France une existence que nous ici on ne peut déjà plus s’offrir depuis longtemps.



Jeunes, beaux comme des dieux, je me dis parfois, que parmi eux, il doit bien y en avoir un ou deux dont la perpendiculaire penche vers les mecs “whity”. Si leur carrure est proportionnelle à leur équipement, il est sûr de
toute façon que je ne suis pas câblé pour. Puis, j’ai déjà fait dans l’ethnique, cela demande une ouverture d’esprit et une patience que je n’ai plus. Et,  il y a, les plus intéressants, ces inconnus de passage.  Ceux que l’on zieute du coin de l'œil en s’imaginant un regard engageant, certains avec un sourire aussi dangereux qu’une fuite de gaz et au dialogue furtif qui ouvrent l’imagination sur mille vies possibles. Ils viennent prendre un café, une bière, acheter un paquet de clopes en attendant une correspondance et laissent derrière eux le regret de ne pas les avoir suivis ou lâché un 06 avant de disparaître à jamais. Au milieu de cette faune, il y a moi, qui, depuis le début de l’année ait arrêté de faire défiler les ½ de bières ; asthénique, invisible et transparent, j’observe passivement devant mon diabolo fraise. 

(À suivre…)    


[+]Crédit photos 
George Dureau 
[+]Album George Dureau

[+]La p’tite musique qui va bien avec ⏯️ Burna Boy - “African Giant”

mardi 4 février 2025

Tu lis trop de livres

Pour finir 2024, j’avais repris (de la première page) Oreiller d’herbes de Natsumé Sôseki que j’avais laissé de côté durant les travaux et relu également La vie sans principe de Henry D. Thoreau,  j’aime beaucoup cet auteur et à l’époque je l’avais plus parcouru que lu avec attention tout comme L’armée du Salut d’Abdellah Taïa dont je ne me souvenais plus très bien le sujet du récit. Je me suis attaqué ensuite à des ouvrages qui étaient depuis longtemps sur ma liste de lecture comme La ferme des animaux de George Orwell (très intéressant au moment même du grand barnum offert par notre classe politique) ou No et Moi de Delphine De Vigan ou encore L'homme qui rit de Victor Hugo. Enfin, encore une relecture avec Messieurs les enfants de Daniel Pennac ce qui m’a donné l’envie de me délecter à lire depuis sa genèse la saga Malaussène en ce début d’année. J’avais laissé (la grande) famille dans Aux fruits de la passion et depuis la série s’est close avec deux autres ouvrages : Le cas Malaussène et Terminus Malaussène. Cela devrait me prendre quelques semaines.



Je ne me souviens plus très bien qui m’a refilé l’information, mais j’ai acheté presque la totalité de mes lectures de cette année sur le site de La Bouquinerie Du Sart. Une librairie solidaire située à Villeneuve d'Ascq. Les livres, bien que d’occasion, sont dans un très bon état et la livraison est ultra-rapide.


[+] Lien vers La Bouquinerie Du Sart


samedi 1 février 2025

Still In The Air - Part.1

Depuis que j’habite ici, j’ai repris des habitudes de célibataire endurci. Cela m’a permis, certes, de me recentrer et en même temps, je ne peux nier que parfois la solitude est pesante. C’est un peu comme une réminiscence de ce que je pouvais ressentir à Toulouse, l’étrange sensation que cette ville n’a rien à m’offrir et que tout concorde, dans n’importe quel domaine, pour me le faire comprendre. Je ne suis pas malheureux ; ce n’est pas le bonheur fou non plus, je le concède. J’suis entre les deux, dans cette zone nébuleuse, là où j'ai passé la majeure partie de ma vie. Ce n’est pas aussi inconfortable qu’il n’y paraît et cela offre, point positif, beaucoup de liberté (plus serait indécent !). Je m’en accommode, comme la chèvre a bien dû s’y faire quand le loup l’a mangée. Sur ce point-là, je ne me distingue guère de la plupart de mes congénères dans cette quête universelle de recherche subjective du bonheur. L’idéal serait d’être avec quelqu’un qui accepte “le chacun chez soi” et profiter ensemble des bons moments de la vie ; je n’en suis plus à faire des plans sur la comète, les attentes sont désormais résolument plus modestes. Seulement voilà, ce “mammifère vertébré idéalement compatible et définitivement masculin”, je ne le vois pas, il ne me trouve pas, je ne le cherche pas vraiment non plus… je ne sais même pas, en fait, s’il existe ou bien si, dans le passé, je n’ai pas su le garder ? Il se peut également que j’ai été équipé d’un programme sentimental expérimental non exploitable pour notre époque. Parfois, je m’imagine qu’il y ait une équation, une formule métaphysique pour calculer savamment l’espace spatio-temporel qui me sépare de lui, autre que par les voies empiriques et ésotériques, du marc de café, des tarots ou des horoscopes.


Je sors peu et en dehors de la question financière, je crois que j’ai laissé s’installer une sorte de léthargie ; le manque d’envie ou d’énergie enfin, quelque chose comme ça. Il m’arrive de refuser des invitations ou de ne pas en lancer. L’automne dernier, j’aurais pu, par exemple, me rendre à la Biennale d’art contemporain. Or, dans mon douillet nid d’isolement, je me suis contenté de regarder les photos de l'événement prises par Calyste. Une chose est sûre : “l’élu” ne viendra pas frapper à la porte. Souvent, durant mes jours de congé, je reste un temps assez considérable devant un café, le regard extérieur ventousé sur la ville et celui intérieur faisant de l’apnée dans une certaine nostalgie. Cela n’a rien ni de triste, ni de pathétique… c’est comme certains regardent de vieilles photos. Seulement moi, des photos, j’en ai une quantité infinitésimale et il me reste les souvenirs qui malgré une tête avec une circonférence crânienne dans la normale tiennent à peine dedans alors, je n’ai pas besoin non plus d’en avoir plein les tiroirs. Le temps passe et une conclusion quelque peu péremptoire s’installe qui est que finalement  : “L’Amour, ça n’arrive pas à tout le monde”. 

(À suivre…) 

[+] La p’tite musique qui va bien avec ⏯️ All India Radio - “Four Three”

[+] Crédit Photos : Michael Vincent Manalo