samedi 5 avril 2025

Les insoupçonnables pouvoirs du monde du silence - Part.1

“Combien noble est celui qui ne veut être ni maître ni esclave” - Khalil Gibran

Ce blog m’est décidément nécessaire pour poser des mots et ranger tout un bordel que j’ai dans la tête. C’est une occasion de faire taire, quand cela s’avère utile, ce consortium qui, tel un tribunal inquisitorial, tente d’imposer sa loi dans ce qui me sert de cerveau. Toutes ces voix, qui siègent là-haut, parlent trop fort aussi, il est bon parfois, de les inviter à s'asseoir et surtout à la boucler. Je me suis toujours refusée à la psychanalyse. Je n’ai rien contre et je suis persuadé que certains trouvent en elle beaucoup de bénéfices. Ce n'est juste pas fait pour moi. À tort ou à raison, avec ses limites, je valorise mon propre esprit et privilégie l’introspection (sans doute mon côté autodidacte). Je n'ai pas envie de m’engager pendant des années, allongé sur un divan, à engraisser financièrement un psy somnolent et dont les conclusions subjectives de ce qu’il aura retenu au cours de sa digestion, se révéleront être ce que je sais déjà intuitivement. Arrivée à la cinquantaine avec une grosse mémoire, surtout très encombrée, il n’est pas rare que les souvenirs mentent. “Se souvenir, c’est soustraire” ainsi, je sais qu’allongé sur un sofa qui sent bon le cuir hors de prix, me poussera inévitablement au mensonge. L’analyse est trop centrée sur l’ego. Je crains de céder à la tentation, somme toute naturelle, à voir les choses telles que je suis et non telles qu’elles sont réellement. Jusqu'à aujourd’hui, avec plus ou moins de succès, je m'efforce de réduire l’écart entre ce que pense être et ce que je suis réellement. Ça implique, du mieux que je le peux, d’aller à l’essence d’une vérité “fiable” inhérente à chacune de mes expériences vécues, une sorte de parcours phénoménologique en quelque sorte et, quelquefois, digne de l’agonie de Sisyphe. Bien qu’enrichissante, ce n'est pas toujours une démarche agréable. 

Il ne s’agit pas de tout intellectualiser seulement, jour après jour, je me rends bien compte, avec amertume, que notre société est moins avide de vérité que de réponse. On nous demande juste d’écouter, de croire sur parole, de ne rien savoir mais d’avoir réponse à tout et une mémoire courte. Tout ça, bien entendu, entretenu et exacerbé par des réseaux sociaux et autres médias bien informés qui saturent notre attention avec des informations superficielles qu’en chasse aussitôt une autre et nous éloignent de l’essentiel. Beaucoup prennent plaisir et ne voient aucun problème à prendre part à ce système. Ils adhèrent volontiers à l’emprise de cette société qui cherche ardemment à définir, les pensées, les comportements, les goûts, les passions, les rêves, en définitive, à imposer une vie qui est peut-être devenue la leur mais n’est en tout cas pas la mienne. Avec un minimum d’honnêteté et de discernement, il faut bien admettre, avec une lucidité un peu brutale, que notre société n’est plus conçue pour que les gens pensent trop mais pour les maintenir distrait, engourdir leur cerveaux (euphémisme?). En quelque sorte, au fond, une Description Méthodique Du Vide comme le définit Renepaulhenry dans son blog au titre et contenu pertinent et dont je partage souvent l’opinion. 

Je ne prétends pas toujours y arriver cependant il faut faire preuve d’une certaine volonté pour assumer ses opinions, penser différemment, voire de courage pour parvenir à être en phase avec soi-même et surtout, ne pas craindre les regards sentencieux et les jugements péremptoires de ceux enrôlés dans ces nouvelles idéologies modernes. Je suis le doute en personne, c'est plus fort que moi, c’est comme inscrit dans mon ADN. Je refuse quasi systématiquement d'accepter aveuglément les vérités auxquelles les autres me disent de croire, souvent par crainte d’être dupé ou manipulé. Ce n’est pas, comme je l’entends souvent, tel un verdict hâtif et catégorique, que j’ai un esprit de contradiction, non, c’est juste que j’ai besoin “que ça monte au cerveau”. J’ai besoin de temps pour questionner mes expériences passées, traiter ces nouvelles informations, les analyser et les valider (ou pas) afin qu’elles soient compatibles avec mes principes et mes valeurs. C’est seulement après que je peux éventuellement revenir sur ma première réaction. Je privilégie un "non" éventuellement provisoire à la fragilité d'un "oui" de circonstance et forcé.  Cette quête de cohérence avec moi-même m’a amené progressivement à, quelque peu, me marginaliser, à faire du silence une source d'équilibre, à m’isoler non pas comme une punition mais pour jouir d’une certaine paix et liberté. Seulement, malgré ça, cela n’évite pas les emmerdes, c’est probablement même, là où elles commencent.

(À suivre…)

[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Charlie Cunningham - “Shame I Know”

2 commentaires:

Orpheus a dit…

Il y a des choses qui raisonnent et résonnent même si tout n’est pas identique… Il se peut que tu ne sois pas surpris en lisant un de mes prochains papiers… si j’arrive toutefois à l’écrire…
Hugs.

[Nicolas] a dit…

J'ai hâte. L'écriture de cet article et des suivants a été difficile d'une certaine manière.