samedi 12 juillet 2025

Where Do I Begin… - Part.2

"La vie ne se comprend que par un retour en arrière, mais elle ne se vit qu’en avant." - Søren Kierkegaard

À chaque arrêt, au volant du bus qui m’emmenait au lycée, son regard troublant dans le rétroviseur tombait inévitablement sur moi. Je le soutenais avec une excitation que je peinais à dissimuler jusqu’à ce qu’il reprenne la route. Me souvenir de ces instants suffit encore à faire naître un début d’érection, comme si mon corps n’avait jamais tout à fait oublié. J’étais encore mineur, je crois. Et pourtant, si un jour il avait dit oui (même à demi-mot, même dans un geste) je n’aurais pas dit non… sans hésiter. Pas pour transgresser, ni pour prouver quoi que ce soit. Juste parce qu’à cet âge-là, le désir ne demande pas la permission. Il s’impose, confus, maladroit, parfois sans réponse. Seulement, ado, je confondais souvent ce que je ressentais avec ce que je croyais possible… Une confusion qui a laissé des traces dans ma vie d’adulte. D’autres souvenirs de ce genre jalonnent ma jeunesse, mais aucun n’a laissé une empreinte aussi forte que celle-là.


Sous les toits, dans l’intimité de ma chambre, je jubjotais sur ces expériences, entièrement baigné dans l’exaltation sensorielle qui m’envahissait à l’époque. Entre une scolarité studieuse, lectures exigeantes, des allers-retours entre Jazz élitiste, Soul sensuelle et Pop du moment, sorties avec un cercle d’amis limité mais choisi et un onanisme assidu, mon adolescence, à défaut d’être aventureuse, est plutôt sage et paisible. Autrefois (alors qu’aujourd’hui tout est à portée de clic), quelles que soient nos attirances, nous allions puiser dans la culture et notre quotidien de quoi nourrir nos fantasmes et, je me souviens avoir été fasciné par certaines personnes définies volontiers comme excentriques ou artistes qui s’affranchissaient des conventions. Ensuite...  l’imagination faisait le reste. 

Intérieurement, j’écrivais mon propre scénario romantique : j’allais rencontrer mon âme “frère",  et bien sûr, nous nous reconnaîtrions au premier regard. “Le bon”, “pour la vie”… Comme si la vie se donnait la peine de faire ce genre de cadeaux. “L’homme de ma vie” ? Peut-être pas de toute une vie, mais au moins d’une partie. Ces rêveries irréalistes se sont révélées plus pernicieuses qu’il n’y paraît : elles m’ont enfermé dans la quête du Graal, celle de la relation unique, parfaite ; une quête devenue même, probablement,  plus importante que la personne elle-même, et qui, à force, a fini par ressembler à une geôle.



Je prends très tôt mon envol, je travaille à l’étranger et je fais mes études supérieures à Lyon. Cette nouvelle indépendance et totale liberté va offrir à ma curiosité l’espace pour s’épanouir, et peu à peu, se glisser vers mes premières expériences sexuelles. Et, c’est ainsi que se rompt assez rapidement et définitivement mon poste officieux de semeur de paillettes dans l’univers enchanté de Disney.


(À suivre…)


[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Sade - “No Ordinary Love”

[+]Madonna - Blond Ambition Tour Remastered 1990 Nice, France

[+]Strike A Pose 2016 (Ils sont toujours aussi beaux)  


1 commentaire:

Orpheus a dit…

Avec les apps de rencontre et le sexe qui s’étale sur tous les écrans, je me demande souvent si les fantasmes et le désir des jeunes d’aujourd’hui sont aussi puissants que ceux qu’on pouvait avoir à leur âge. Je ne sais pas.

(Sinon le Blond Ambition est le Show de Madonna que j’ai préféré de tous… et de loin… Vu à Bercy… jusqu’au film Truth or Dare qui nous emmène sur la tournée. <3 )