jeudi 15 décembre 2022

De mois en moi


C’est une impression tenace… celle d’être toujours en train de me battre. C’est en tout cas ce que je me dis, là, debout devant mon évier, badigeonnant quelques morceaux de dinde froide avec une moutarde au goût approximatif. Me battre et courir après les papiers, les gens, l’argent, pour moi, pour les uns et les autres. Ma vie dans tout ça est bien fade… ça ne change pas. Une histoire d’amour (?)  à la saveur aussi approximative que la moutarde sur feu la dinde. Les dernières slaves ont été lancées et j’ai reçu une charge qui me laisse entendre que l’année prochaine, je serai peut-être à l’aube de mes 50 ans, de nouveau célibataire. Il y aurait sans doute beaucoup à dire sur mes erreurs, mon manque d’expérience en “vie de couple”, mon caractère ; peut-être est-ce d’ailleurs cela qui fait que tout part en confettis au bout d’un moment ; pourtant je suis adepte de l’adage comme quoi “le mieux est l'ennemi du bien”, je mets en pratique, sans trop de résultat jusqu’à présent.  J’ai le cœur lourd, le vague à l’âme, je n’ai pas trop le moral (c’est un euphémisme bien entendu) et bizarrement, je supporte tout ça, comme si c’était un destin dont j’avais accepté l’architecture. Bientôt l’année va se clôturer ; encore, comme les précédentes dans l’incertitude. Une autre va commencer et quoi qu'il arrive, je devrai encore combler les fissures, adapter, me définir de nouveau dans cet environnement qui m’est hostile et, comme à mon habitude, me fixer des objectifs, non pour progresser mais pour ne pas sombrer. Demain, il faudra de nouveau sourire, “faire comme si…” tout allait bien, être rassurant, protecteur, efficace… être un “bon petit soldat”. Voilà pourquoi je n’ai pas peur de la mort… simplement parce que je ne tiens pas plus que ça à la vie. Je n’ai pas su en tirer profit, en faire quelque chose, j’ai l’impression de n’avoir servi à rien… ou du moins, à pas grand chose. Donc, voilà, ce soir en attendant que tu me rappelles, comme tu me l’avais promis et, comme je sais que tu ne le feras pas, comme à ton habitude, j’écris… ça fait du bien, ça soulage. Même si personne ne lit, je sais que c’est là et l’année prochaine, je reviendrai me lire avec cet espoir aussi tenace que l’impression de ce soir… que quelque chose aura changé, pour le mieux, que je me sentirai vivant, exister… Non, non, je ne suis pas dépressif, ni suicidaire, je suis juste réaliste. Il n’y a pas à s’en faire ou s’inquiéter. Je marche, je continue à marcher et marcherais tant que je n’aurai pas trouvé ce quelque chose ou ce quelqu’un  au bord de la route qui me dira : “Vas-y assieds-toi, reposes-toi… je suis là” et enfin trouver un apaisement, la tranquillité même si ce n’est que pour quelques instants. Heureusement, quelques verres de vin rendent les soirées plus supportables… ce n’est pas une solution, je le sais bien, mais qu’importe le flacon… pourvu qu’on est l’ivresse.

«Le commentaire sans argumentation, ça fait tourner le monde» - “Night Train” Nick Tosches

[+]La petite musique qui va bien avec Michael Kiwanuka - Cold Little Heart

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