samedi 5 juillet 2025

Where Do I Begin… - Part.1

"Notre erreur est de confondre l’amour avec la possession, de prendre son intensité pour l’éternité." - Alain de Botton 

Il m’est difficile d’aborder le sujet sans laisser transparaître une certaine amertume. Mes illusions sentimentales et moi, nous nous sommes mariés bien trop jeunes, ce qui m’a laissé au final beaucoup de temps pour les déceptions. La déception de ne pas avoir été ce que l’autre attendait de moi et inversement bien entendu. C’est, en somme, l’histoire de ma vie amoureuse. Et, pour être honnête, sans doute aussi la principale raison de son échec. À ce stade de ma vie, j’ai arrêté de chercher l’amour et… il me le rend bien, il faut bien l’avouer. Alors, oui, je ne cours plus après, néanmoins une part en moi, c’est vrai, l’espère toujours un peu. Le temps passant inexorablement, il prendra peut-être la forme de deux solitudes qui marchent côte à côte ; pas plus, pas moins, franchement, ça me suffirait. 


C’est-à-dire qu’à 5 / 6 ans, une main me tripotant le zizi et l’autre avec un doigt dans le cul, j’aimais déjà ça alors, j’étais bien conscient que ma vie sentimentale n’allait pas vraiment entrer dans la norme. Si je sais que beaucoup ont souffert de leur homosexualité, mon orientation sexuelle m’a interrogé mais jamais dérangé. C’est une part de moi, sur laquelle je ne peux rien comme avoir les yeux marrons, être causasien ou aimer les brocolis alors, à quoi bon lutter contre ? Je n’en ai jamais ressenti ni fierté ni honte. Je ne l’ai ni mise en avant, ni cachée. C’est peut-être ce détachement qui m’a éloigné du militantisme actif. Avec le temps, j’ai peu à peu cessé d’éprouver des remords à ce sujet. J’ai compris qu’à force de militer pour toutes les causes, la société en est venu progressivement à ne plus en tolérer aucune. Pour finalement aboutir à notre époque qui idolâtre la diversité à condition qu’elle pense comme elle. C’est simultanément une course vers un prétendu progrès, devenu en somme, un concours de vertus bien habillées et une vertigineuse régression.



Est-ce un trait inné ou l’héritage de mon éducation ? Je l’ignore. Qu’importe, j'ai toujours pensé, de manière très existentialiste ; celle qui considère que chaque individu demeure seul arbitre de sa vie, de ses choix et libre de définir ses propres valeurs morales, indépendamment de l’opinion des autres ou des jugements extérieurs. Pour ma part, c’est, je le concède honteusement, un peu par indifférence, mais davantage par respect que je me gardais bien de m’immiscer dans ce qui se passait derrière la porte des autres. J’y ai été peu confronté moi-même mais, les casseurs de pédés ou les homos planqués qui cognent pour se prouver qu’ils ne le sont pas, les petits comptables de la morale et autres douaniers du divin seraient, d’ailleurs, bien avisés de s’en inspirer. Avec le recul, je réalise que malgré des principes tenus au cordeau, “s’assumer”, aussi essentiel que ce soit, ne suffit pas à aimer ni… à être aimé.


(À suivre…)


[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Ady Suleiman - “Need Somebody To Love”

[+]"Our mistake is to confuse love with possession, to mistake its intensity for eternity." - Alain de Botton - Essays in Love (De l'amour, 1993)