« Tout est compliqué avant d’être simple », je le comprends bien
cette année où tout est compliqué, décevant et loin d’être fluide. Comme à mon
habitude, pour me rassurer, je me
surcharge de tâches, d’activités, de listes à cocher afin d’éloigner de mon
esprit ce qui ne va pas, oublier pour un moment, mettre un peu de sens à mon
existence… fuir ? J’ai l’impression que quoi que je dise ou fasse, je suis
dans l’erreur, que tout es de ma faute, que je ne suis pas assez ouvert,
compréhensible, etc. Je ne me sens ni entendu ni compris. Mes tentatives de
communication se retournent contre moi. Et tout ça… à peu près dans tout les
domaines de la vie : famille, relation, boulot (plus ou moins). Quelle que
soit la situation, je me sens seul. Pourtant cette année, j’ai fait totalement
abnégation de mes désirs, besoins, envies, projets, de moi pour soutenir mon conjoint
dans ses démarches de demande d’asile qui a abouti. Je suis heureux pour lui
mais notre relation déraille sans arrêt et il m’en reproche la responsabilité.
Le boulot se restructure, l’équipe est bancale ; là, on ne me reproche
rien mais ma conscience professionnelle et l’envie d’un travail bien fait me
met la pression et me surmène. Et puis, il y a toi, Papa, décédé début août. Tu
nous a laissé dans un beau merdier ma Sœur et moi. Quant à Maman, elle tient le
coup comme elle peut souffrant de ta perte, de ses problèmes de santé et voyant
petit à petit sa maison se vider dans la perspective d’intégrer un nouveau
logement plus adapté. Dans tout ce marasme, je n’ai pas eu le temps de faire
mon deuil ; bhein non, j’ai mes listes à cocher. Je n’ai pas eu le temps
de te pleureur encore Papa. Nous aurions pourtant eu le temps de se parler
avant ton départ, nous avons eu des occasions. Mais est-ce que tu tenais
vraiment à ce que l’on parle ? Parler pour moi n’était pas le problème, c’est
surtout ce que tu allais me répondre qui est la raison de ma lâcheté. Oh oui,
dans les derniers jours, quand tes yeux se posaient sur moi, le silence valait
bien mieux que les mots. Tu étais un homme réservé qui ne s’épandait pas… les
merles ne font pas des canaris. Il y a toujours eu de la pudeur entre nous,
jusqu’au bout. Tu pars avec tes mystères peut-être des secrets. J’attends quant
à moi, le moment où je vais réaliser que tu n’es plus là… peut-être quand j’aurais
coché l’ultime case de ma longue liste ?
« Prendre soin de soi, c’est
accepter d’aller mal de temps en temps » - Alain Ferrant
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musique qui va bien avec Kate Bush « Wild Man »