samedi 31 mai 2025

Apophtegme


"Je n'ai jamais compris pourquoi le 31 mai est la journée sans tabac, alors que le lendemain, c'est le 1er Juin."

samedi 24 mai 2025

Dé-con-tractée

« Argumenter avec des imbéciles, c’est comme jouer aux échecs contre un pigeon. Peu importe votre niveau, le pigeon va juste renverser toutes les pièces, chier sur le plateau et se pavaner fièrement comme s’il avait gagné».


Certaines conversations mutilent et dépassent tellement l’entendement que, finalement, la colère laisse place à une sorte de lassitude désabusée. Cette dernière expérience est, certes, très anecdotique, mais tellement représentative de la dégradation des mœurs et relations humaines. Assez naïf pour penser que la notion de respect aux aînés est toujours de mise dans notre société et hormis le fait, que j’ai largement l’âge d’être son père, j’ai cet hallucinant échange, l’autre jour, avec une collègue de travail :

Moi : Excuse moi Julie, pourrais-tu me redonner le mot de passe de l’imprimante s’il te plait ?
Julie : Tu ne le connais pas depuis le temps ? 

Moi : Je l’utilise rarement, je ne m’en souviens plus. Par contre, je connais les 100 chiffres du nombre pi après la virgule.

Julie : (comprend pas l’humour… elle nous sort sa plus belle mine de Nellie Olson [😉])
Moi : … 
Julie : … et à quoi ça peut bien te servir… pas de l’imprimante en tout cas. 

Moi : ni,  non plus, “en tout cas”, à calculer la circonférence de ta cervelle. 


Cette dernière phrase, c’est ce que je lui aurais répondu il y a encore 15 ans, avec un beau “connasse” pensé en guise de point d’exclamation final… Mais !  je ne lui ai pas dit !


Moi : (silence) 



Et elle est repartie, très satisfaite d’elle-même en dandinant comme un sachet Lipton extirpé de sa tasse de thé. Je lui demandais simplement 4 chiffres pour faire une copie de mon planning, pas de me donner un rein ! J’ai facilement résisté à la tentation de la blesser alors même que j’en avais les moyens, la lutte était vaine. La résilience, c’est accepter,
plier son caractère aux circonstances et se faire un intérieur calme en dépit des orages extérieurs” comme l'exprimait si justement Daniel Defoe. Je n’ai pas encore atteint ce degré de sagesse ; je me contente d’encaisser, ce qui est déjà pour moi un net progrès. Je réussis maintenant à économiser mon énergie sans chercher à comprendre ou tout analyser. Je n’en éprouve aucune fierté particulière,  il n’y a encore pas si longtemps, je mettais ça sur le compte de la maturité, je pensais qu’avec l’âge, mon passé, l’expérience, les leçons de vie, j’étais enfin arrivé à mieux appréhender les choses, les évènements, les autres. En fait, non, la vraie raison, sans doute peu avouable : “c’est que je m’en fous”.

[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Jain, Solomun - “Tout le monde est fou”

samedi 17 mai 2025

De mon balcon

Le 12 mai à 21h05
 
le 14 mai à 18h42

[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Michael Kiwanuka - “Floating Parade”


samedi 10 mai 2025

Les insoupçonnables pouvoirs du monde du silence - Part.6

“La plus grande chose du monde c’est de savoir être à soi.” - Michel de Montaigne

Quand une personne est restée célibataire pendant de longues périodes, comme c’est mon cas, ça l’a rend naturellement plus difficile à aimer. Elle s’est tellement habituée à la solitude, son indépendance et son autonomie qu'il faudrait quelque chose de vraiment exceptionnel pour lui faire croire qu’elle a besoin de quelqu'un à ses côtés. Depuis quelques années, quand, dans de rares occasions, quelqu’un entre dans ma vie, les possibilités de nouvelles emmerdes sont beaucoup plus que des certitudes. Ce qui s’applique d’ailleurs à ma dernière relation. Cela arrive généralement quand je n’écoute pas mon intuition ; quand je décide volontairement d’ignorer ce que je sais sans savoir comment je le sais et de malgré tout m’engager. Le plus souvent, je fonce droit dans le mur et en klaxonnant en plus. À ce jour, je ne vois pas ce que m'engager de nouveau émotionnellement m’apporterait de plus. Il me manquera certainement toujours le réconfort et le soutien mutuel de l’être aimé mais, à ce stade de mon existence, une sérénité durable est préférable. Après ma rupture dans un commun “désaccord”, il y a plus de 2 ans, ça a été un défi constant que de réussir à garder l’équilibre en maintenant une bonne distance et en imposant à moi-même et aux autres des limites à respecter, une barrière de sécurité pour ainsi dire.  

Cette expérience m’aura au moins permis de reconsidérer la manière dont j’interagis avec ce qui m’entourent. Cela fait longtemps que j’ai pris mes distances avec la société, je profite juste de ce qu’elle offre sans qu’elle vide mon cerveau comme une huître ou bouffe mon énergie. Même si j’adhère au concept de sobriété heureuse, les histoires de colibris à l'assaut de la forêt amazonienne en feu, je n’accroche pas trop. Vu l’état de notre monde actuel de toute façon, on n’en fera jamais plus un jardin à la française. Je suis retapissé avec ce genre de réflexion comme une sorte d’hybride entre l’antisocial et un spécimen moderne de chasseur cueilleur en voie d’extinction. Quant à la génération smartphone qui a su utiliser les écrans avant de comprendre comment empiler l’un sur l’autre deux cubes d’un jeu d’éveil, je suis carrément un cas d’école, une énigme sociologique.  

Ce retrait social n'est pas un caprice, je sens bien que c'est une part de ma nature profonde. Depuis mon enfance, je sentais bien que m'écarter de cette voie tressait immédiatement un nuage d'emmerdes au-dessus de ma tête. Loin du bruit, j'ai découvert la valeur de la solitude et, paradoxalement, l'importance de ceux qui m'entourent. Je suis devenu nettement moins accessible, privilégiant des relations qui ont vraiment du sens, authentiques et profondes avec un cercle restreint. Cette distance a mis en lumière la richesse de ces liens. Un monde où, comme chez mes Grands-Parents, dans la tranquillité du moment, l’être se suffit à lui-même. Je ne fuis ni ne rejette les autres, ce n'est pas une rébellion contre la société, mais un besoin de valoriser mon temps, préserver mon espace et de me recentrer sur ce qui compte vraiment pour moi. Simplement en me détachant des sollicitations constantes et des attentes, j'ai trouvé une réelle paix intérieure . Ce vide a laissé place à la richesse de mes pensées, aux résonances de mes émotions, à confronter des aspects de moi-même et des désirs que j’avais parfois négligés. Désormais, quand je passe la porte de chez moi, je retrouve mon univers paisible, le calme, la sobriété et tout mon être se dit dans un profond soupir de satisfaction : “enfin !” 


[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Beta Radio - “Our Remains”


mercredi 7 mai 2025

Tu regardes trop de films

"Flow" est un film d’animation signé Gints Zilbalodis, une sorte de road trip animalier… sur l’eau. D’abord, c’est un vrai plaisir pour les yeux : lumière travaillée, animation fluide, chaque image est soignée avec une grande délicatesse. Le son, offre une vraie plongée immersive dans une ambiance douce, presque méditative. Visuellement, c’est une petite perle de poésie. L’histoire, en revanche, reste simple, assez linéaire, avec peu de rebondissements. Mais ceux qui "cohabitent" avec des chats y reconnaîtront plein de gestes familiers. Plus qu’un récit, c’est une expérience sensible, comme contempler un tableau… sauf que celui-ci est animé.

Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau (2024)- Bande annonce


samedi 3 mai 2025

Les insoupçonnables pouvoirs du monde du silence - Part.5

“Nous sommes nos choix” - Jean-Paul Sartre


Dans un sens assez général, l'aptitude à aimer devrait déjà commencer par soi-même. Au début des années 2000, je ne suis même pas sûr de seulement m’apprécier. Tout était discordant : le travail, les relations amoureuses, la vie sociale, la famille, presque tout était dévoré par un mal-être. Je reconnais que, tout en la niant, cette souffrance profonde, je l'ai parfois faite payer de manière excessive et injuste, par un comportement acrimonieux devenu insupportable pour mon entourage, à commencer par moi. Bien que je sois indifférent à l'image que je renvoie, je n'avais pas pour ambition de devenir, non plus, un connard beurré des deux côtés. 

Alors, pensant sans doute qu'un nouveau décor changerait la situation, j’écoute mon cœur et je pars m’installer aux États-Unis en laissant mon cerveau à la consigne. Je reviens, un peu moins d’un an plus tard, brisé, anéanti et toute ma vie contenue dans une valise que British Airways a trouvé le moyen de paumer. Je ne l’ai jamais réclamée ; préférant clore définitivement un chapitre de ma vie, pour entamer le nouveau, sans plus rien hormis, mon portefeuille, ma bite et un briquet. Néanmoins, dans le lointain, je perçois distinctement le tic-tac de l’horloge d’un renouveau ; un besoin irrépressible de revenir à l'essentiel. Jusqu’ici, par manque d’ambition peut-être, j’avais laissé aux circonstances la maîtrise de mes objectifs de vie. À présent, le plus important à accomplir était de renouer avec la simplicité. Sur le plan matériel, une compagnie aérienne s’était chargée de peaufiner mon minimalisme. Par nature, je suis déjà une menace pour le système, j’ai peu de désirs, je ne suis pas envieux aussi, l’argent, les belles montres, les fringues de marques (ou pas), les grosses voitures, le blingbling en général et le superflu en particulier, n’ont jamais été ma cam. Ça ne me dérange aucunement de rester une semaine dans les mêmes fringues ou d’utiliser un portable de l’ère glaciaire. 


Côté relationnel, les amis avec qui j'ai grandi et évolué mutuellement se comptent sur une seule main, et cela me suffit amplement. Pour ce qui est du reste, le simple fait de supprimer les réseaux sociaux a suffi à éliminer les situations chronophages, les relations vaines et les emmerdes aussi efficacement qu'un bon typhus. Cela m'a pris des années, beaucoup de remise en question pour créer mon monde sans faire chier autrui, certes ; mais être en accord avec moi-même a été bien plus précieux que n'importe quelle forme d’inconfort. J'ai fait le choix de la solitude. Je l'ai vécu à une époque comme une épreuve mais elle s’est transformée en véritable privilège. C’est elle, finalement, qui a déterminé la profondeur et la qualité de mes relations, plus que leur nombre. Elle a installé également une forme de maturité, peut-être même d'intuition, je sais quand m’impliquer et quand me retirer afin de ne plus être esclaves des attentes des autres ou d’avoir à prouver quoi que ce soit à quiconque. Le bénéfice collatéral réside dans cette force qu'est le silence qui a su résoudre à lui seul toutes les difficultés de communication auxquelles, jadis,  je faisais face. Malgré cela, pour bien “pousser”, il faut aussi “se planter” et il y a eu des erreurs, des rechutes, des personnes auxquelles je n’ai pas pu m'empêcher de m'attacher, des personnes que j'aurais souhaité inviter dans ma vie, mais qui sont restées à l’extérieur, figées sur le seuil de leur incompréhension. Je me console en supposant que cela faisait sans doute partie d’un genre de processus darwiniste de sélection naturelle. Pendant des années, espérant une improbable alchimie, j’ai attendu que mon existence évolue. C’est déroutant qu’il m’ait fallu approcher de la cinquantaine, alors que très jeune, j’avais déjà toutes les clés en main, pour réaliser que c’est elle qui attendait que je me bouge et vive une vie que les autres semblent avoir de la peine à comprendre. En réalité, ont-ils vraiment besoin de la comprendre ? Ce n’est pas la leur après tout. 

(À suivre…) 


[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Melanie De Biasio - “Your Freedom is the End Of Me”