mercredi 6 août 2025

Oui, combien de fois ?


"Combien de fois
ton esprit s’est-il emparé
d’une petite
information incertaine
et a-t-il brodé autour une histoire qui
finit par consumer tes pensées ?"

Yung Pueblo -



[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Carla Geneve - “Better Believe It”

jeudi 31 juillet 2025

Apophtegme




Est-ce que personne ne trouve étrange qu’aujourd’hui des ordinateurs demandent à des humains de prouver qu’ils ne sont pas des robots ?






samedi 26 juillet 2025

Where Do I Begin… - Part.4

“La vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent.” Albert Camus

Si j’avais été moins sentimental, la communauté gay aurait sans doute été prête à m’accueillir en son sein généreux. Mais entre chaque rupture, j’éprouvais tant de mal à me resituer que je m’enfermais pendant de longs mois (parfois des années) dans des relations pourtant définitivement achevées ; comme si rester au fond du trou tenait lieu de fidélité. Il y a eu quelques rares éclats de grâce, ceux où j’ai tout donné pour finalement découvrir que, dans ces histoires sentimentales bricolées à la va-vite, il y en a toujours un qui aime plus que l’autre. Alors, la relation s’essouffle, on commence à se mentir un peu (ou beaucoup), et par s’éloigner sans toujours comprendre pourquoi (ou comprendre trop bien). Et puis, il y a eu les aventures, celles dont je suis le moins fier,  où, sans doute par dépit, j’ai fait payer à d’autres, qui n’avaient rien demandé, des séparations auxquelles ils étaient parfaitement étrangers. Seulement, déjà sans doute un peu usé, j’étais à court de tendresse et rempli d’amertume. J’ai fini par guérir, oui ; mais avec, en guise de cicatrice, un désenchantement élégant et une fatigue chronique de mes propres attentes démesurées dont je suis le seul responsable. Tous mes désirs n’avaient pas vocation à être réalisés. Et un jour, comme ça, en slip sur mon canapé devant Netflix, je me surprends à penser que l’amour « véritable » n’est peut-être qu’un doux mensonge, inventé pour donner un peu de poésie au vide ou pour rendre la solitude moins brutale. 


Cette prise de conscience, loin d’être pathétique, a été une vraie délivrance. Je n’ai jamais été adepte des sites ou applications de rencontre : ces supermarchés de la solitude où l’on finit souvent par se masturber dans le cul d’un inconnu juste pour évacuer sa frustration et pour oublier deux heures qu’on est seul et qu’on s’emmerde : “nope sir, it’s not my cup of tea”. Non, désormais, je vois plus clairement l’arnaque de mes idéalisations et j’ai cessé d’espérer l’amour comme on attend un bateau dans un aéroport. Le Karma a visiblement un goût prononcé pour le suspense car je réalise aujourd’hui, peut-être un peu tard, que toutes mes histoires ont suivi le même schéma : je m’accrochais à un détail qui me plaisait chez l’autre, pour ensuite remplir les vides avec ce que j’avais envie de croire ou pire, j’inventais de toutes pièces ce que j’évitais soigneusement de voir. 

On ne va pas se mentir : un peu pistanthrophobe sur les bords, je me suis façonné une vie à la marge, à bonne distance des autres. Avec le temps, j’ai apprivoisé le silence, le vide fertile, les contours flous de ce que je suis devenu. Il subsiste en moi cette teinte de cynisme propre à ma nature profonde,  ou peut-être est-ce simplement un réalisme aigu, que d’autres prennent à tort pour du pessimisme. Sous cette carapace rocailleuse, pourtant, il y a de la lumière, des couleurs, du relief, du mouvement. Une vie intérieure intense, tissée de nuances, d’élans, de silences habités. J’ai trouvé une forme de paix tranquille, un doux lâcher-prise, quelque chose qui ressemble à ce mot japonais si plein de sens : Nankurunaisa. Aujourd’hui, je marche sans me presser, le cœur un peu plus léger, les racines un peu plus profondes. C’est juste un peu plus de moi, juste assez désaligné du monde pour que ça me ressemble vraiment. Le chemin m’a changé. Doucement. Et c’est là que je me tiens : un peu en bordure, un peu ailleurs, mais profondément à ma place. Ce n’est pas une fin. Juste un point d’équilibre. Une respiration. Peut-être même un début...


[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Shirley Bassey - “Where Do I Begin (Away Team Mix)”

mercredi 23 juillet 2025

Au bout de mes pompes

Méandre de Queuille
juillet 2025
 

samedi 19 juillet 2025

Where Do I Begin… - Part.3

“Le couple c’est ne faire qu’un. Oui mais lequel ?” - Oscar Wilde

Dans les années 90, une certaine anxiété collective entourait la sexualité, comme si le désir s’accompagnait inévitablement d’un danger ; de quoi freiner les ardeurs, même si, en ce qui me concerne, je ne ressentais pas une urgence particulière à franchir ce cap. À l’époque, quand les smartphones et Internet n'étaient encore qu’une idée embryonnaire dans les couilles neuronales de ses inventeurs, il y avait ces numéros surtaxés planqués en fin de journaux gratuits des petites annonces. À chaque fois que je lisais “gay”, noir sur blanc, c’était comme si le mot lui-même levait un sourcil dans ma direction pour éveiller en moi une curiosité obsédante, une pulsion impossible à nier. J’y voyais un accès discret à une sexualité que je n’avais pas encore pu vivre, une brèche hors du cadre imposé. Ces lignes, ancêtres des applis de baise actuelles, avaient tout pour devenir addictives si seulement le prix à la minute n’avait pas été aussi violent que le manque qu’elles laissaient derrière.

Néanmoins, mes deux tentatives ont été avant tout de belles rencontres. La première m’a offert ma première fellation, troublante d’intensité, brutale de sincérité, jusqu’à me faire frôler la perte de conscience. La seconde m’a initié aux plaisirs charnels masculins, sans jamais bousculer quoi que ce soit, dans un total respect et le silence brûlant propre aux premières fois. Le monde s’effaçait, mon corps se lâchait enfin. 

Deux personnes d’une rare sensibilité et délicatesse, presque irréelles ; un contraste saisissant avec ce que sont devenues les rencontres au fil du temps. Je sentais bien qu’ils espéraient peut-être davantage. J’étais très jeune, alors pour moi, tout cela n’était encore qu’une exploration sentimentale à la frontière floue entre l’attachement et le hasard. Cela ressemblait toujours de loin, mais jamais de près, au conte de fée que je m’étais imaginé autour de la rencontre du prince charmant. Ai-je eu tort ? Je me cherchais sans vraiment me compromettre là où, peut-être, autre chose aurait pu naître de ces instants vibrants dérobés à la nuit.


(À suivre…)


[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Leon Bridges - “That’s What I Love”

[+]Gai Pied Hebdo (du n°45 au 541) - Mémoires Des Sexualités


lundi 14 juillet 2025

Bonne fête nationale

LE JEU DU COQ

Ne regardez pas ce coq 

PERDU !!!

samedi 12 juillet 2025

Where Do I Begin… - Part.2

"La vie ne se comprend que par un retour en arrière, mais elle ne se vit qu’en avant." - Søren Kierkegaard

À chaque arrêt, au volant du bus qui m’emmenait au lycée, son regard troublant dans le rétroviseur tombait inévitablement sur moi. Je le soutenais avec une excitation que je peinais à dissimuler jusqu’à ce qu’il reprenne la route. Me souvenir de ces instants suffit encore à faire naître un début d’érection, comme si mon corps n’avait jamais tout à fait oublié. J’étais encore mineur, je crois. Et pourtant, si un jour il avait dit oui (même à demi-mot, même dans un geste) je n’aurais pas dit non… sans hésiter. Pas pour transgresser, ni pour prouver quoi que ce soit. Juste parce qu’à cet âge-là, le désir ne demande pas la permission. Il s’impose, confus, maladroit, parfois sans réponse. Seulement, ado, je confondais souvent ce que je ressentais avec ce que je croyais possible… Une confusion qui a laissé des traces dans ma vie d’adulte. D’autres souvenirs de ce genre jalonnent ma jeunesse, mais aucun n’a laissé une empreinte aussi forte que celle-là.


Sous les toits, dans l’intimité de ma chambre, je jubjotais sur ces expériences, entièrement baigné dans l’exaltation sensorielle qui m’envahissait à l’époque. Entre une scolarité studieuse, lectures exigeantes, des allers-retours entre Jazz élitiste, Soul sensuelle et Pop du moment, sorties avec un cercle d’amis limité mais choisi et un onanisme assidu, mon adolescence, à défaut d’être aventureuse, est plutôt sage et paisible. Autrefois (alors qu’aujourd’hui tout est à portée de clic), quelles que soient nos attirances, nous allions puiser dans la culture et notre quotidien de quoi nourrir nos fantasmes et, je me souviens avoir été fasciné par certaines personnes définies volontiers comme excentriques ou artistes qui s’affranchissaient des conventions. Ensuite...  l’imagination faisait le reste. 

Intérieurement, j’écrivais mon propre scénario romantique : j’allais rencontrer mon âme “frère",  et bien sûr, nous nous reconnaîtrions au premier regard. “Le bon”, “pour la vie”… Comme si la vie se donnait la peine de faire ce genre de cadeaux. “L’homme de ma vie” ? Peut-être pas de toute une vie, mais au moins d’une partie. Ces rêveries irréalistes se sont révélées plus pernicieuses qu’il n’y paraît : elles m’ont enfermé dans la quête du Graal, celle de la relation unique, parfaite ; une quête devenue même, probablement,  plus importante que la personne elle-même, et qui, à force, a fini par ressembler à une geôle.



Je prends très tôt mon envol, je travaille à l’étranger et je fais mes études supérieures à Lyon. Cette nouvelle indépendance et totale liberté va offrir à ma curiosité l’espace pour s’épanouir, et peu à peu, se glisser vers mes premières expériences sexuelles. Et, c’est ainsi que se rompt assez rapidement et définitivement mon poste officieux de semeur de paillettes dans l’univers enchanté de Disney.


(À suivre…)


[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Sade - “No Ordinary Love”

[+]Madonna - Blond Ambition Tour Remastered 1990 Nice, France

[+]Strike A Pose 2016 (Ils sont toujours aussi beaux)  


mercredi 9 juillet 2025

Tu lis trop de livres


"Mes mains, tout à fait inconsciemment, commencèrent un geste qu’on ne leur avait jamais enseigné. Je sentis un je ne sais quoi secret et radieux bondir rapidement à l’attaque, venu d’au-dedans de moi. Soudain la chose jaillit, apportant un enivrement aveuglant. (…) Ce fut ma première éjaculation. Ce fut aussi le début, maladroit et nullement prémédité, de mes "mauvaises habitudes."

Un souvenir des 12 ans de Yukio Mishima dans “Confessions d'un masque” (1949)

[+]Crédit Image David Gilson

[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Massive Attack & Madonna - “I Want You”


samedi 5 juillet 2025

Where Do I Begin… - Part.1

"Notre erreur est de confondre l’amour avec la possession, de prendre son intensité pour l’éternité." - Alain de Botton 

Il m’est difficile d’aborder le sujet sans laisser transparaître une certaine amertume. Mes illusions sentimentales et moi, nous nous sommes mariés bien trop jeunes, ce qui m’a laissé au final beaucoup de temps pour les déceptions. La déception de ne pas avoir été ce que l’autre attendait de moi et inversement bien entendu. C’est, en somme, l’histoire de ma vie amoureuse. Et, pour être honnête, sans doute aussi la principale raison de son échec. À ce stade de ma vie, j’ai arrêté de chercher l’amour et… il me le rend bien, il faut bien l’avouer. Alors, oui, je ne cours plus après, néanmoins une part en moi, c’est vrai, l’espère toujours un peu. Le temps passant inexorablement, il prendra peut-être la forme de deux solitudes qui marchent côte à côte ; pas plus, pas moins, franchement, ça me suffirait. 


C’est-à-dire qu’à 5 / 6 ans, une main me tripotant le zizi et l’autre avec un doigt dans le cul, j’aimais déjà ça alors, j’étais bien conscient que ma vie sentimentale n’allait pas vraiment entrer dans la norme. Si je sais que beaucoup ont souffert de leur homosexualité, mon orientation sexuelle m’a interrogé mais jamais dérangé. C’est une part de moi, sur laquelle je ne peux rien comme avoir les yeux marrons, être causasien ou aimer les brocolis alors, à quoi bon lutter contre ? Je n’en ai jamais ressenti ni fierté ni honte. Je ne l’ai ni mise en avant, ni cachée. C’est peut-être ce détachement qui m’a éloigné du militantisme actif. Avec le temps, j’ai peu à peu cessé d’éprouver des remords à ce sujet. J’ai compris qu’à force de militer pour toutes les causes, la société en est venu progressivement à ne plus en tolérer aucune. Pour finalement aboutir à notre époque qui idolâtre la diversité à condition qu’elle pense comme elle. C’est simultanément une course vers un prétendu progrès, devenu en somme, un concours de vertus bien habillées et une vertigineuse régression.



Est-ce un trait inné ou l’héritage de mon éducation ? Je l’ignore. Qu’importe, j'ai toujours pensé, de manière très existentialiste ; celle qui considère que chaque individu demeure seul arbitre de sa vie, de ses choix et libre de définir ses propres valeurs morales, indépendamment de l’opinion des autres ou des jugements extérieurs. Pour ma part, c’est, je le concède honteusement, un peu par indifférence, mais davantage par respect que je me gardais bien de m’immiscer dans ce qui se passait derrière la porte des autres. J’y ai été peu confronté moi-même mais, les casseurs de pédés ou les homos planqués qui cognent pour se prouver qu’ils ne le sont pas, les petits comptables de la morale et autres douaniers du divin seraient, d’ailleurs, bien avisés de s’en inspirer. Avec le recul, je réalise que malgré des principes tenus au cordeau, “s’assumer”, aussi essentiel que ce soit, ne suffit pas à aimer ni… à être aimé.


(À suivre…)


[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Ady Suleiman - “Need Somebody To Love”

[+]"Our mistake is to confuse love with possession, to mistake its intensity for eternity." - Alain de Botton - Essays in Love (De l'amour, 1993)

lundi 30 juin 2025

Apophtegme

 

"Les moulins ? C'était mieux à vent ?"

[+]La p'tite musique qui va bien avec... ⏯️ Michel Legrand - “Les Moulins de Mon Coeur” (1969) 

samedi 28 juin 2025

Sage comme un…

“Pourquoi existerait il quelque chose plutôt que rien ?” - Gottfried Wilhelm Leibniz

Quand elle m’explique toutes ses croyances, il y a tout de même quelque chose de séduisant : les heures miroir, les signes, les alignements planétaires et autre synchronicité. Par quelque théorie cosmique, n’importe quelle micro-circonstance de la vie finit par trouver un sens. Seulement, je sème déjà mes forces dans les terres incertaines de la confiance en moi ; il ne me reste plus grand-chose pour arroser d'autres illusions. C'est tout de même assez enviable, au moins, certains, s'appuient même illusoirement, sur quelque chose à quoi raccrocher leurs espoirs et leurs rêves.

Elle : tu devrais écrire à ton ange gardien. 

Moi : ah ?! parce qu’il a une adresse ?

Elle : je veux dire, poser sur le papier tes désirs et lui faire confiance pour en exaucer ne serait-ce que quelques uns. 


Moi : tu me penses à ce point capable de faire confiance à un volatile ? 




[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Chet Faker - “Archangel”

samedi 21 juin 2025

mercredi 18 juin 2025

Soumis (presque) sans commentaire




Ça, c’est la pelle du 18 juin et puisque nous ne sommes que poussière, ne négligeons pas la balayette qui va avec.

samedi 14 juin 2025

Au bout de mes pompes

 Festival Jazz Aux Sources 
14 / 15 juin 2025 - Châtel-Guyon

samedi 7 juin 2025

Rétrospective 06/2025

"La vie, ce n'est pas avoir et obtenir, mais être et devenir." - Myrna Loy

Les engrenages du destin semblent s’être remis en marche. Rien de surprenant, en vérité : depuis le début de l’année, je sentais confusément que quelque chose se préparait. Et me voilà, fin mai, face à quelques cartons contenant le peu d’effets personnels que je possède et qui, déjà, me semblent de trop. Hormis mes inséparables plantes vertes, les deux tiers sont des livres. Impossible de m’en défaire. Ce n’est pas qu’ils aient une valeur sentimentale : aucun n’est véritablement lié à un moment de ma vie. Ils reflètent moins une richesse intérieure qu’une curiosité insatiable. Je ne saurais dire s’ils répondent à un besoin d’ancrer une histoire, de justifier une identité intellectuelle. Mais une chose est certaine : je m’y replonge souvent. Pour retrouver une citation, un bon mot, une idée justement formulée, bien mieux que je ne pourrais le faire moi-même. Me séparer d’un bouquin, c’est prendre le risque de perdre une connaissance précieuse. Pour le reste, c’est plus simple, même si cela peut demander du temps ; à quoi bon garder dans les placards ce qui ne sert que très peu, voire jamais. Trier, jeter, donner ces objets que je gardais par pur attachement ou sentimentalisme, ces choses qui, au fond, me possédaient plus que je ne les possédais. Je me demande souvent jusqu'où ira mon besoin de désencombrer ma vie, et d’où me vient ce désir presque obsessionnel de tendre vers toujours moins. Est-ce pour favoriser mon bien-être ? C’est possible. Pour atteindre une forme de bonheur ? Ce serait sans doute bien ambitieux.


Je mets l’appartement en vente. Ce n’est pas tant pour aller au bout de ma démarche bien que ce ne soit pas sans rapport. Je ne me sens pas à ma place ici et tout concorde pour me le faire comprendre.

Je ne peux pas nier, bien que cette décision soit réfléchie, qu’il y ait au fond comme un sentiment de “fuite”. Peut-être me dis-je que repartir à zéro, sur une page blanche, une toute nouvelle histoire pourra s’écrire. Je n’aime pas trop cette idée (elle ne me valorise pas des masses) mais bon, c’est une probabilité à ne pas négliger. Si tel est le cas, la véritable question serait alors : que suis-je en train de fuir, ou bien, qu’essaye-je de poursuivre ?" Pas besoin de descendre en spéléo dans les profondeurs de mon esprit pour savoir intuitivement de quoi il s'agit, même si d'autres facteurs entrent sans doute en ligne de compte.


Professionnellement, j’attendais la bonne opportunité, au bon endroit, pour franchir mon Rubicon. Un emploi qui m’emmènerait jusqu’à la retraite, avec, au loin, ce petit parfum d’écurie… D’ici là, il me reste encore quelques années de trot avant de regagner le paddock. Dans l'idéal, j’aimerais que ce soit mon dernier poste. Reste à voir si "l’idéal" est au courant ; en attendant j’égrène pieusement le rosaire de mes trimestres. 


Il y a tout de même une finalité à tout ça à terme. Dans le tumulte ambiant, j’ai réussi à m’aménager “ma petite crique déserte” à moi, un recoin à l’écart des marées sociales, façonné par une quête intérieure qui me tient lieu de boussole. Pourtant, moi aussi, “mon regard reste plongé vers l’horizon”, nourri par l’espoir que, délesté un jour du poids des contraintes professionnelles, je pourrai enfin, loin de ce pays, aborder des rivages plus en harmonie avec mon monde intérieur ; loin du vacarme, plus près du sens, plus près de l’essentiel.

Ce n’est pas vraiment un nouveau départ, plutôt la suite naturelle, presque inévitable, d’un chemin de simplification que je peaufine depuis de nombreuses années. Une lente épuration, patiente et lucide. Et puis, je me souviens de cette phrase lue quelque part, dont j’ai oublié l’auteur mais pas la pertinence : « Rien n’est plus intéressant dans la vie que ce qui va vous arriver. »


[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Hugo Barriol - “On The Road”
[+]Référence inspirante Yann Orpheus Blog

lundi 2 juin 2025

samedi 31 mai 2025

Apophtegme


"Je n'ai jamais compris pourquoi le 31 mai est la journée sans tabac, alors que le lendemain, c'est le 1er Juin."

samedi 24 mai 2025

Dé-con-tractée

« Argumenter avec des imbéciles, c’est comme jouer aux échecs contre un pigeon. Peu importe votre niveau, le pigeon va juste renverser toutes les pièces, chier sur le plateau et se pavaner fièrement comme s’il avait gagné».


Certaines conversations mutilent et dépassent tellement l’entendement que, finalement, la colère laisse place à une sorte de lassitude désabusée. Cette dernière expérience est, certes, très anecdotique, mais tellement représentative de la dégradation des mœurs et relations humaines. Assez naïf pour penser que la notion de respect aux aînés est toujours de mise dans notre société et hormis le fait, que j’ai largement l’âge d’être son père, j’ai cet hallucinant échange, l’autre jour, avec une collègue de travail :

Moi : Excuse moi Julie, pourrais-tu me redonner le mot de passe de l’imprimante s’il te plait ?
Julie : Tu ne le connais pas depuis le temps ? 

Moi : Je l’utilise rarement, je ne m’en souviens plus. Par contre, je connais les 100 chiffres du nombre pi après la virgule.

Julie : (comprend pas l’humour… elle nous sort sa plus belle mine de Nellie Olson [😉])
Moi : … 
Julie : … et à quoi ça peut bien te servir… pas de l’imprimante en tout cas. 

Moi : ni,  non plus, “en tout cas”, à calculer la circonférence de ta cervelle. 


Cette dernière phrase, c’est ce que je lui aurais répondu il y a encore 15 ans, avec un beau “connasse” pensé en guise de point d’exclamation final… Mais !  je ne lui ai pas dit !


Moi : (silence) 



Et elle est repartie, très satisfaite d’elle-même en dandinant comme un sachet Lipton extirpé de sa tasse de thé. Je lui demandais simplement 4 chiffres pour faire une copie de mon planning, pas de me donner un rein ! J’ai facilement résisté à la tentation de la blesser alors même que j’en avais les moyens, la lutte était vaine. La résilience, c’est accepter,
plier son caractère aux circonstances et se faire un intérieur calme en dépit des orages extérieurs” comme l'exprimait si justement Daniel Defoe. Je n’ai pas encore atteint ce degré de sagesse ; je me contente d’encaisser, ce qui est déjà pour moi un net progrès. Je réussis maintenant à économiser mon énergie sans chercher à comprendre ou tout analyser. Je n’en éprouve aucune fierté particulière,  il n’y a encore pas si longtemps, je mettais ça sur le compte de la maturité, je pensais qu’avec l’âge, mon passé, l’expérience, les leçons de vie, j’étais enfin arrivé à mieux appréhender les choses, les évènements, les autres. En fait, non, la vraie raison, sans doute peu avouable : “c’est que je m’en fous”.

[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Jain, Solomun - “Tout le monde est fou”

samedi 17 mai 2025

De mon balcon

Le 12 mai à 21h05
 
le 14 mai à 18h42

[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Michael Kiwanuka - “Floating Parade”


samedi 10 mai 2025

Les insoupçonnables pouvoirs du monde du silence - Part.6

“La plus grande chose du monde c’est de savoir être à soi.” - Michel de Montaigne

Quand une personne est restée célibataire pendant de longues périodes, comme c’est mon cas, ça l’a rend naturellement plus difficile à aimer. Elle s’est tellement habituée à la solitude, son indépendance et son autonomie qu'il faudrait quelque chose de vraiment exceptionnel pour lui faire croire qu’elle a besoin de quelqu'un à ses côtés. Depuis quelques années, quand, dans de rares occasions, quelqu’un entre dans ma vie, les possibilités de nouvelles emmerdes sont beaucoup plus que des certitudes. Ce qui s’applique d’ailleurs à ma dernière relation. Cela arrive généralement quand je n’écoute pas mon intuition ; quand je décide volontairement d’ignorer ce que je sais sans savoir comment je le sais et de malgré tout m’engager. Le plus souvent, je fonce droit dans le mur et en klaxonnant en plus. À ce jour, je ne vois pas ce que m'engager de nouveau émotionnellement m’apporterait de plus. Il me manquera certainement toujours le réconfort et le soutien mutuel de l’être aimé mais, à ce stade de mon existence, une sérénité durable est préférable. Après ma rupture dans un commun “désaccord”, il y a plus de 2 ans, ça a été un défi constant que de réussir à garder l’équilibre en maintenant une bonne distance et en imposant à moi-même et aux autres des limites à respecter, une barrière de sécurité pour ainsi dire.  

Cette expérience m’aura au moins permis de reconsidérer la manière dont j’interagis avec ce qui m’entourent. Cela fait longtemps que j’ai pris mes distances avec la société, je profite juste de ce qu’elle offre sans qu’elle vide mon cerveau comme une huître ou bouffe mon énergie. Même si j’adhère au concept de sobriété heureuse, les histoires de colibris à l'assaut de la forêt amazonienne en feu, je n’accroche pas trop. Vu l’état de notre monde actuel de toute façon, on n’en fera jamais plus un jardin à la française. Je suis retapissé avec ce genre de réflexion comme une sorte d’hybride entre l’antisocial et un spécimen moderne de chasseur cueilleur en voie d’extinction. Quant à la génération smartphone qui a su utiliser les écrans avant de comprendre comment empiler l’un sur l’autre deux cubes d’un jeu d’éveil, je suis carrément un cas d’école, une énigme sociologique.  

Ce retrait social n'est pas un caprice, je sens bien que c'est une part de ma nature profonde. Depuis mon enfance, je sentais bien que m'écarter de cette voie tressait immédiatement un nuage d'emmerdes au-dessus de ma tête. Loin du bruit, j'ai découvert la valeur de la solitude et, paradoxalement, l'importance de ceux qui m'entourent. Je suis devenu nettement moins accessible, privilégiant des relations qui ont vraiment du sens, authentiques et profondes avec un cercle restreint. Cette distance a mis en lumière la richesse de ces liens. Un monde où, comme chez mes Grands-Parents, dans la tranquillité du moment, l’être se suffit à lui-même. Je ne fuis ni ne rejette les autres, ce n'est pas une rébellion contre la société, mais un besoin de valoriser mon temps, préserver mon espace et de me recentrer sur ce qui compte vraiment pour moi. Simplement en me détachant des sollicitations constantes et des attentes, j'ai trouvé une réelle paix intérieure . Ce vide a laissé place à la richesse de mes pensées, aux résonances de mes émotions, à confronter des aspects de moi-même et des désirs que j’avais parfois négligés. Désormais, quand je passe la porte de chez moi, je retrouve mon univers paisible, le calme, la sobriété et tout mon être se dit dans un profond soupir de satisfaction : “enfin !” 


[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Beta Radio - “Our Remains”