Il s’est assis devant moi quand j’appréciais le meilleur moment de ma journée : mon café du matin. Il a commencé à parler alors j’ai écouté sa logorrhée en touillant inexorablement mon breuvage fumant. Interminable tirade qui se contentait de penser à ma place sur mes intentions, mon caractère, ma distance, mon manque d’engagement et je passe les conneries en tout genre. Il aurait souhaité que je me défende, que je réponde. Si sûr de lui, tout ce que j’aurais pu dire n’aurait pas été entendu, aussi se taire n’est pas toujours consentir. L’homme en colère est un homme bavard mais sourd. Les choses n’allaient sans doute pas assez vite et je n’agissais pas comme il l’imaginait. Anticiper mes réactions est bien là le plus court chemin vers l’erreur, c’est mal me connaître, le peut-on d’ailleurs ? Je ne dis pas qu’il avait tort sur tous les points, mais encore aurait-il fallu que je puisse en placer une et en éclaircir certains traités de manière trop péremptoire. Il déblatérait et moi je le regardais s’époumoner en buvant de temps à autre une petite gorgée. Quelque part j’étais tristement amusé de constater qu’en nous connaissant depuis si peu il est autant à dire et la liste était longue. Les gestes suivaient parfois la parole tandis que les miens posaient 2 € sur le manche de la cuillère ; c’était bien cher payé pour tant de foutaises. Il a alors remarqué mon attitude froide et stoïque. Le sucre avait eu largement le temps de fondre et la tasse était vide. Je me suis levé sous ses yeux stupéfaits et puisque il attendait, je suppose, que j’ajoute quelque chose, je lui ai simplement dit : « Tu sais, quand on commence à compter les points, c’est que la partie est finie ».
2 commentaires:
Mais comment peut-on sérieusement perdre à une partie de morpions ?
Tu t'es resservi du café ou tu es reparti te coucher ?!
Avantage dehors...
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