C’est un rêve que mon Père a fait lorsque j’avais environ 4 ans. Il me voyait dans les flots du courant d’une rivière. Il pouvait bien courir aussi vite qu’il pouvait sur la berge, tendres les mains sur les bords des ponts qu’il empruntait pour essayer de me sauver, je lui échappais. Il pouvait difficilement sauter dans l’eau ne sachant pas nager comme quoi, l’inconscient à bonne mémoire. Ce fut un rêve éprouvant raconte-t-il. Ce que je vis dans ma vie, ce que je ne vis pas, la relation pudique et distante que nous avons tous les deux, nos différends, me ramènent souvent à ce songe qu’il m’a raconté il y a maintenant quelques années. Effectivement je lui ai échappé, comme tout enfant échappe et doit échapper à ses Parents. Je suppose que très tôt, il a du se rendre compte que je ne serais pas en mesure de répondre à ses attentes dans quelques domaines que ce soit. Je vois bien parfois la déception dans ses regards, le ton de sa voix. Je ressens le malaise et l’évitement de parler de moi ou de me demander si je vais bien ce qui le confronterait aux fiertés dont j’étais l’objets et qu’il a du concéder au profit de ses convictions. Je ne les partages pas toutes, mais je dois avouer que certaines ont forgées mon éducation que je ne renie pas ; en tout cas, elles sont ce qu'elles sont, ce sont les siennes et je les respecte aussi excluantes soient-elles pour certaines. Peut-être que je pense à sa place finalement. Mais d’une manière générale, il en va ainsi ; quand les personnes qui nous entourent s’enferment dans le mutisme elles nous laissent la porte ouverte à imaginer n’importe quoi sur leurs non-dits. Il est possible que j’en ai souffert mais cela tend à se transformer en de l’indifférence. Des remises en question, j’en suis passé aux questions, tout court, sans m’astreindre à l’obligation de trouver des réponses.
1 commentaire:
Hélas , c'est ainsi
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