Autant le dire de suite en toute objectivité, cette année n’aura pas été meilleure que la précédente. Pourtant, avec un peu de courage et de lucidité, certains problèmes auraient pû être réglés dès le 1er janvier dernier si je m’étais décidé enfin à “couper plutôt que de déchirer”. La rupture était inévitable. Quoi qu’il en soit lorsqu’on commence à compter les points de part et d’autre, c’est souvent que la partie est terminée, non ?! Un peu d'anticipation aurait au moins évité de pourrir l’année. Donc me voilà en ce 31 décembre, tout seul, comme l’année dernière mais néanmoins la situation est claire. Cependant, être soulagé ne signifie pas être satisfait de la situation pour autant. Je ne cherchais pas un ami ; non, des amis j’en ai. Je souhaitais une relation sincère, une stabilité émotionnelle, une complicité constructive, une communication réciproque, un ancrage durable… un mari quoi… pas un colocataire. Néanmoins, la blessure ressentie n’est pas due à ce que certains appelleraient une “hypnose amoureuse” ; elle me semble être davantage une douleur d’amour propre plus que d’amour ; un problème d’ego en fait pour faire court. Je n’ai pas fini d’analyser vraiment mes torts dans toute cette histoire, j’en ai, bien évidemment ; il n’en reste pas moins que la dose de stress s'est réduite et ma tension a baissé nettement et proportionnellement à ma consommation d’alcool. Je pourrais l’accabler, le rendre responsable de cet échec mais “il n’y a pas de vérité, écrivait Nietzsche. Il n’y a que des perspectives sur la vérité” ; la réalité est toujours plus complexe. Dans quelques semaines j’aurai 50 ans. Forcément, ça m’interroge. Je me dis que j’ai fait plus de chemin qu’il m’en reste à parcourir. Dans l’avenir, je peux affirmer, sans regret, que tout ce qui a trait au sentimental, au domaine amoureux, à la vie de couple ne seront plus mes priorités. Je le sais, car je n’ai plus ni l’envie ni l’énergie pour ça ; je suis usé jusqu’à la corde. Sans compter tout ce qui est parti avec : la confiance que je peux porter aux autres et également en moi. Je ne me vois pas m’investir auprès de quelqu’un comme j’ai pu le faire dans le passé. D’ailleurs, je ne suis pas certain d'intéresser qui que ce soit à ce stade de mon existence. Bien entendu, je ne ferme pas la porte à une rencontre amicale ou sexuelle (ou les deux avec un peu de chance) mais, pas plus. Je vais surtout concentrer mes efforts sur mon chez moi et mon équilibre personnel. À ce propos, ma démarche minimaliste à pris des proportions presque indécentes en fin d’année. Ma Mère hallucine que je puisse continuer à faire le tour de chez moi et trouver encore des choses à trier, jeter, vendre, troquer. Il n’est pas aisé de comprendre de l’extérieur mon besoin d’espace… De l’espace, une aire pour pouvoir réfléchir sur moi et ma place dans l'environnement que j’occupe. En un sens, je me pose une question, au fond : “suis-je quelqu’un de bien ?”. Toutes ces années, je me suis perdu dans les pressions familiales, amicales, sentimentales, professionnelles sans compter les injonctions irrévocables de la société et autres messages spirituels, de développement personnel et formations professionnelles, qui pouvaient selon, être complètement antagonistes ou déstructurants. Cela sonne comme des justifications mais il n’en est rien. Je crois simplement que j’ai essayé de répondre à ce que l’on attendait de moi, parfois contre mon gré dans un souci de “bien faire” ou plutôt de “bien paraître”. Mes récurrentes rébellions mal comprises ou considérées comme non pertinentes souvent non recevables ont vite été étouffées par de nouveaux arguments sociétaux latitudinaires et lunaires de mes différents entourages. Au fond, j’ai envie de faire tomber le(s) masque(s) même si la réponse à cette question doit me décevoir. Je sais très bien qu’à l’aube de 50 années d’existence je ne suis pas arrivé là où je souhaitais, et que mes déceptions sont lourdes, sans parler de mes nostalgies d’un passé sûrement trop idéalisé. Tout ça m’a rendu plus aigri, amer, moins patient, irritable et “inadapté” à cette société dans laquelle je ne trouve ni réconfort ni beaucoup de qualités. Il y a plus résilient que moi, assurément. En résumé, je souhaite “être” et non paraître, je voudrais exister (si ce n’est pour quelqu’un au moins pour moi-même) plutôt que simplement vivre. Je voudrais que cette nouvelle année m’offre l’opportunité de plus d’authenticité… de tranquillité de cœur… et d’esprit.
“Et quand on ne peut plus se situer, on se sent exilé. ça tombe sous le sens. Quoi, maintenant ? On dirait bien que je suis arrivé au bout de la route. Pas au sens américain, “rock and roll suicide” ; au sens anglais, petite voiture à friction. Mon ressort s’est détendu, et je me suis gentiment arrêté en plein nulle part.” - Nick Hornby
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