“La plus grande chose du monde c’est de savoir être à soi.” - Michel de Montaigne
Quand une personne est restée célibataire pendant de longues périodes, comme c’est mon cas, ça l’a rend naturellement plus difficile à aimer. Elle s’est tellement habituée à la solitude, son indépendance et son autonomie qu'il faudrait quelque chose de vraiment exceptionnel pour lui faire croire qu’elle a besoin de quelqu'un à ses côtés. Depuis quelques années, quand, dans de rares occasions, quelqu’un entre dans ma vie, les possibilités de nouvelles emmerdes sont beaucoup plus que des certitudes. Ce qui s’applique d’ailleurs à ma dernière relation. Cela arrive généralement quand je n’écoute pas mon intuition ; quand je décide volontairement d’ignorer ce que je sais sans savoir comment je le sais et de malgré tout m’engager. Le plus souvent, je fonce droit dans le mur et en klaxonnant en plus. À ce jour, je ne vois pas ce que m'engager de nouveau émotionnellement m’apporterait de plus. Il me manquera certainement toujours le réconfort et le soutien mutuel de l’être aimé mais, à ce stade de mon existence, une sérénité durable est préférable. Après ma rupture dans un commun “désaccord”, il y a plus de 2 ans, ça a été un défi constant que de réussir à garder l’équilibre en maintenant une bonne distance et en imposant à moi-même et aux autres des limites à respecter, une barrière de sécurité pour ainsi dire.
Cette expérience m’aura au moins permis de reconsidérer la manière dont j’interagis avec ce qui m’entourent. Cela fait longtemps que j’ai pris mes distances avec la société, je profite juste de ce qu’elle offre sans qu’elle vide mon cerveau comme une huître ou bouffe mon énergie. Même si j’adhère au concept de sobriété heureuse, les histoires de colibris à l'assaut de la forêt amazonienne en feu, je n’accroche pas trop. Vu l’état de notre monde actuel de toute façon, on n’en fera jamais plus un jardin à la française. Je suis retapissé avec ce genre de réflexion comme une sorte d’hybride entre l’antisocial et un spécimen moderne de chasseur cueilleur en voie d’extinction. Quant à la génération smartphone qui a su utiliser les écrans avant de comprendre comment empiler l’un sur l’autre deux cubes d’un jeu d’éveil, je suis carrément un cas d’école, une énigme sociologique.
Ce retrait social n'est pas un caprice, je sens bien que c'est une part de ma nature profonde. Depuis mon enfance, je sentais bien que m'écarter de cette voie tressait immédiatement un nuage d'emmerdes au-dessus de ma tête. Loin du bruit, j'ai découvert la valeur de la solitude et, paradoxalement, l'importance de ceux qui m'entourent. Je suis devenu nettement moins accessible, privilégiant des relations qui ont vraiment du sens, authentiques et profondes avec un cercle restreint. Cette distance a mis en lumière la richesse de ces liens. Un monde où, comme chez mes Grands-Parents, dans la tranquillité du moment, l’être se suffit à lui-même. Je ne fuis ni ne rejette les autres, ce n'est pas une rébellion contre la société, mais un besoin de valoriser mon temps, préserver mon espace et de me recentrer sur ce qui compte vraiment pour moi. Simplement en me détachant des sollicitations constantes et des attentes, j'ai trouvé une réelle paix intérieure . Ce vide a laissé place à la richesse de mes pensées, aux résonances de mes émotions, à confronter des aspects de moi-même et des désirs que j’avais parfois négligés. Désormais, quand je passe la porte de chez moi, je retrouve mon univers paisible, le calme, la sobriété et tout mon être se dit dans un profond soupir de satisfaction : “enfin !”
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2 commentaires:
Une bonne amie dit souvent « la solitude est plus belle seul qu’à d’eux ». Perso, j’apprécie l’alternance seul à Paris et en couple à Toulouse. J’ai l’impression d’avoir le beurre et l’argent du beurre parfois…
Il n’y a sans doute rien de pire que de se sentir seul à “d’eux” ou à “deux”.
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