vendredi 15 février 2013

Décalage ordinaire


Il est 22h00 et j’ai le cul contre le radiateur, regardant l’appartement enfin propre qui sent encore la peinture fraîche. 10 jours, c’est le délai que je m’étais fixé pour finir les travaux. Je suis comme ça, tout doit être planifié, c’est mon côté psychorigide, des délais que je me fixe pour me rassurer. Seulement voilà, une mauvaise grippe est venu contrarier mes plans, elle n’était pas prévue et m’a obligé à me poser et me reposer ce dont, à vrai dire, j’avais besoin. En ce moment, en regardant le travail accompli, les fesses au chaud et un verre de vin à la main, je réalise que j’ai eu les mêmes gestes, réflexions et réflexes que mon Père dans l’exécution de ce travail. J’ai du mal à discerner si j’en suis fier ou agacé. J’ai eu souvent des choses à lui reprocher et reproduire certaines des ses attitudes m’est assez troublant. Je crois en fait, qu’en prenant de l’âge, je lui ressemble de plus en plus, même dans mes mimiques ou mes comportements. Passée cette réflexion, je sens bien aussi que cet appartement dans lequel je me sens plutôt bien, n’est encore qu’un passage vers autre chose. C’est souvent comme ça, je me pose et autre chose apparaît à l’horizon. Je suis un nomade, je le sais, je voudrais parfois qu’il en soit autrement, que ma raison ait le dessus sur le cœur mais ce n’est pas le cas. Je me dis aussi, que je n’ai jamais lu quelque chose de plus vrai que cette phrase en sous titre de mon Blog : «  Rien ne se passe comme prévu, c’est la seule chose que nous apprend le futur en devenant du passé ». Pennac a vraiment eu du flair en écrivant cette phrase. A posteriori, je m’aperçois que dans ma vie, rien ne s’est déroulé comme prévu. Je trouve ça assez angoissant et d’un autre côté, je ne peux pas dire que j’ai mal vécu ; mes moments de grandes détresses ont toujours débouchés sur de beaux instants de bonheur… je cours toujours après, avec cette impression que les moments sont plus longs que les instants. Et, n’a de cesse de me revenir cette image de moi sur cette terrasse admirant l’immensité de la ville, chaque matin avec mon café, chaque soir quand la chaleur peinait à retomber ou quand tu arrivais par surprise et me prenait dans tes bras, tous deux face aux buildings, tu me glissais à l’oreille : « mais, que vais-je faire de toi ? » ; mais moi maintenant, que dois-je faire de ça ? 

[+]Photo : Sarah Demongeot

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