samedi 21 juin 2025

mercredi 18 juin 2025

Soumis (presque) sans commentaire




Ça, c’est la pelle du 18 juin et puisque nous ne sommes que poussière, ne négligeons pas la balayette qui va avec.

samedi 14 juin 2025

Au bout de mes pompes

 Festival Jazz Aux Sources 
14 / 15 juin 2025 - Châtel-Guyon

samedi 7 juin 2025

Rétrospective 06/2025

"La vie, ce n'est pas avoir et obtenir, mais être et devenir." - Myrna Loy

Les engrenages du destin semblent s’être remis en marche. Rien de surprenant, en vérité : depuis le début de l’année, je sentais confusément que quelque chose se préparait. Et me voilà, fin mai, face à quelques cartons contenant le peu d’effets personnels que je possède et qui, déjà, me semblent de trop. Hormis mes inséparables plantes vertes, les deux tiers sont des livres. Impossible de m’en défaire. Ce n’est pas qu’ils aient une valeur sentimentale : aucun n’est véritablement lié à un moment de ma vie. Ils reflètent moins une richesse intérieure qu’une curiosité insatiable. Je ne saurais dire s’ils répondent à un besoin d’ancrer une histoire, de justifier une identité intellectuelle. Mais une chose est certaine : je m’y replonge souvent. Pour retrouver une citation, un bon mot, une idée justement formulée, bien mieux que je ne pourrais le faire moi-même. Me séparer d’un bouquin, c’est prendre le risque de perdre une connaissance précieuse. Pour le reste, c’est plus simple, même si cela peut demander du temps ; à quoi bon garder dans les placards ce qui ne sert que très peu, voire jamais. Trier, jeter, donner ces objets que je gardais par pur attachement ou sentimentalisme, ces choses qui, au fond, me possédaient plus que je ne les possédais. Je me demande souvent jusqu'où ira mon besoin de désencombrer ma vie, et d’où me vient ce désir presque obsessionnel de tendre vers toujours moins. Est-ce pour favoriser mon bien-être ? C’est possible. Pour atteindre une forme de bonheur ? Ce serait sans doute bien ambitieux.


Je mets l’appartement en vente. Ce n’est pas tant pour aller au bout de ma démarche bien que ce ne soit pas sans rapport. Je ne me sens pas à ma place ici et tout concorde pour me le faire comprendre.

Je ne peux pas nier, bien que cette décision soit réfléchie, qu’il y ait au fond comme un sentiment de “fuite”. Peut-être me dis-je que repartir à zéro, sur une page blanche, une toute nouvelle histoire pourra s’écrire. Je n’aime pas trop cette idée (elle ne me valorise pas des masses) mais bon, c’est une probabilité à ne pas négliger. Si tel est le cas, la véritable question serait alors : que suis-je en train de fuir, ou bien, qu’essaye-je de poursuivre ?" Pas besoin de descendre en spéléo dans les profondeurs de mon esprit pour savoir intuitivement de quoi il s'agit, même si d'autres facteurs entrent sans doute en ligne de compte.


Professionnellement, j’attendais la bonne opportunité, au bon endroit, pour franchir mon Rubicon. Un emploi qui m’emmènerait jusqu’à la retraite, avec, au loin, ce petit parfum d’écurie… D’ici là, il me reste encore quelques années de trot avant de regagner le paddock. Dans l'idéal, j’aimerais que ce soit mon dernier poste. Reste à voir si "l’idéal" est au courant ; en attendant j’égrène pieusement le rosaire de mes trimestres. 


Il y a tout de même une finalité à tout ça à terme. Dans le tumulte ambiant, j’ai réussi à m’aménager “ma petite crique déserte” à moi, un recoin à l’écart des marées sociales, façonné par une quête intérieure qui me tient lieu de boussole. Pourtant, moi aussi, “mon regard reste plongé vers l’horizon”, nourri par l’espoir que, délesté un jour du poids des contraintes professionnelles, je pourrai enfin, loin de ce pays, aborder des rivages plus en harmonie avec mon monde intérieur ; loin du vacarme, plus près du sens, plus près de l’essentiel.

Ce n’est pas vraiment un nouveau départ, plutôt la suite naturelle, presque inévitable, d’un chemin de simplification que je peaufine depuis de nombreuses années. Une lente épuration, patiente et lucide. Et puis, je me souviens de cette phrase lue quelque part, dont j’ai oublié l’auteur mais pas la pertinence : « Rien n’est plus intéressant dans la vie que ce qui va vous arriver. »


[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Hugo Barriol - “On The Road”
[+]Référence inspirante Yann Orpheus Blog

lundi 2 juin 2025

samedi 31 mai 2025

Apophtegme


"Je n'ai jamais compris pourquoi le 31 mai est la journée sans tabac, alors que le lendemain, c'est le 1er Juin."

samedi 24 mai 2025

Dé-con-tractée

« Argumenter avec des imbéciles, c’est comme jouer aux échecs contre un pigeon. Peu importe votre niveau, le pigeon va juste renverser toutes les pièces, chier sur le plateau et se pavaner fièrement comme s’il avait gagné».


Certaines conversations mutilent et dépassent tellement l’entendement que, finalement, la colère laisse place à une sorte de lassitude désabusée. Cette dernière expérience est, certes, très anecdotique, mais tellement représentative de la dégradation des mœurs et relations humaines. Assez naïf pour penser que la notion de respect aux aînés est toujours de mise dans notre société et hormis le fait, que j’ai largement l’âge d’être son père, j’ai cet hallucinant échange, l’autre jour, avec une collègue de travail :

Moi : Excuse moi Julie, pourrais-tu me redonner le mot de passe de l’imprimante s’il te plait ?
Julie : Tu ne le connais pas depuis le temps ? 

Moi : Je l’utilise rarement, je ne m’en souviens plus. Par contre, je connais les 100 chiffres du nombre pi après la virgule.

Julie : (comprend pas l’humour… elle nous sort sa plus belle mine de Nellie Olson [😉])
Moi : … 
Julie : … et à quoi ça peut bien te servir… pas de l’imprimante en tout cas. 

Moi : ni,  non plus, “en tout cas”, à calculer la circonférence de ta cervelle. 


Cette dernière phrase, c’est ce que je lui aurais répondu il y a encore 15 ans, avec un beau “connasse” pensé en guise de point d’exclamation final… Mais !  je ne lui ai pas dit !


Moi : (silence) 



Et elle est repartie, très satisfaite d’elle-même en dandinant comme un sachet Lipton extirpé de sa tasse de thé. Je lui demandais simplement 4 chiffres pour faire une copie de mon planning, pas de me donner un rein ! J’ai facilement résisté à la tentation de la blesser alors même que j’en avais les moyens, la lutte était vaine. La résilience, c’est accepter,
plier son caractère aux circonstances et se faire un intérieur calme en dépit des orages extérieurs” comme l'exprimait si justement Daniel Defoe. Je n’ai pas encore atteint ce degré de sagesse ; je me contente d’encaisser, ce qui est déjà pour moi un net progrès. Je réussis maintenant à économiser mon énergie sans chercher à comprendre ou tout analyser. Je n’en éprouve aucune fierté particulière,  il n’y a encore pas si longtemps, je mettais ça sur le compte de la maturité, je pensais qu’avec l’âge, mon passé, l’expérience, les leçons de vie, j’étais enfin arrivé à mieux appréhender les choses, les évènements, les autres. En fait, non, la vraie raison, sans doute peu avouable : “c’est que je m’en fous”.

[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Jain, Solomun - “Tout le monde est fou”

samedi 17 mai 2025

De mon balcon

Le 12 mai à 21h05
 
le 14 mai à 18h42

[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Michael Kiwanuka - “Floating Parade”


samedi 10 mai 2025

Les insoupçonnables pouvoirs du monde du silence - Part.6

“La plus grande chose du monde c’est de savoir être à soi.” - Michel de Montaigne

Quand une personne est restée célibataire pendant de longues périodes, comme c’est mon cas, ça l’a rend naturellement plus difficile à aimer. Elle s’est tellement habituée à la solitude, son indépendance et son autonomie qu'il faudrait quelque chose de vraiment exceptionnel pour lui faire croire qu’elle a besoin de quelqu'un à ses côtés. Depuis quelques années, quand, dans de rares occasions, quelqu’un entre dans ma vie, les possibilités de nouvelles emmerdes sont beaucoup plus que des certitudes. Ce qui s’applique d’ailleurs à ma dernière relation. Cela arrive généralement quand je n’écoute pas mon intuition ; quand je décide volontairement d’ignorer ce que je sais sans savoir comment je le sais et de malgré tout m’engager. Le plus souvent, je fonce droit dans le mur et en klaxonnant en plus. À ce jour, je ne vois pas ce que m'engager de nouveau émotionnellement m’apporterait de plus. Il me manquera certainement toujours le réconfort et le soutien mutuel de l’être aimé mais, à ce stade de mon existence, une sérénité durable est préférable. Après ma rupture dans un commun “désaccord”, il y a plus de 2 ans, ça a été un défi constant que de réussir à garder l’équilibre en maintenant une bonne distance et en imposant à moi-même et aux autres des limites à respecter, une barrière de sécurité pour ainsi dire.  

Cette expérience m’aura au moins permis de reconsidérer la manière dont j’interagis avec ce qui m’entourent. Cela fait longtemps que j’ai pris mes distances avec la société, je profite juste de ce qu’elle offre sans qu’elle vide mon cerveau comme une huître ou bouffe mon énergie. Même si j’adhère au concept de sobriété heureuse, les histoires de colibris à l'assaut de la forêt amazonienne en feu, je n’accroche pas trop. Vu l’état de notre monde actuel de toute façon, on n’en fera jamais plus un jardin à la française. Je suis retapissé avec ce genre de réflexion comme une sorte d’hybride entre l’antisocial et un spécimen moderne de chasseur cueilleur en voie d’extinction. Quant à la génération smartphone qui a su utiliser les écrans avant de comprendre comment empiler l’un sur l’autre deux cubes d’un jeu d’éveil, je suis carrément un cas d’école, une énigme sociologique.  

Ce retrait social n'est pas un caprice, je sens bien que c'est une part de ma nature profonde. Depuis mon enfance, je sentais bien que m'écarter de cette voie tressait immédiatement un nuage d'emmerdes au-dessus de ma tête. Loin du bruit, j'ai découvert la valeur de la solitude et, paradoxalement, l'importance de ceux qui m'entourent. Je suis devenu nettement moins accessible, privilégiant des relations qui ont vraiment du sens, authentiques et profondes avec un cercle restreint. Cette distance a mis en lumière la richesse de ces liens. Un monde où, comme chez mes Grands-Parents, dans la tranquillité du moment, l’être se suffit à lui-même. Je ne fuis ni ne rejette les autres, ce n'est pas une rébellion contre la société, mais un besoin de valoriser mon temps, préserver mon espace et de me recentrer sur ce qui compte vraiment pour moi. Simplement en me détachant des sollicitations constantes et des attentes, j'ai trouvé une réelle paix intérieure . Ce vide a laissé place à la richesse de mes pensées, aux résonances de mes émotions, à confronter des aspects de moi-même et des désirs que j’avais parfois négligés. Désormais, quand je passe la porte de chez moi, je retrouve mon univers paisible, le calme, la sobriété et tout mon être se dit dans un profond soupir de satisfaction : “enfin !” 


[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Beta Radio - “Our Remains”


mercredi 7 mai 2025

Tu regardes trop de films

"Flow" est un film d’animation signé Gints Zilbalodis, une sorte de road trip animalier… sur l’eau. D’abord, c’est un vrai plaisir pour les yeux : lumière travaillée, animation fluide, chaque image est soignée avec une grande délicatesse. Le son, offre une vraie plongée immersive dans une ambiance douce, presque méditative. Visuellement, c’est une petite perle de poésie. L’histoire, en revanche, reste simple, assez linéaire, avec peu de rebondissements. Mais ceux qui "cohabitent" avec des chats y reconnaîtront plein de gestes familiers. Plus qu’un récit, c’est une expérience sensible, comme contempler un tableau… sauf que celui-ci est animé.

Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau (2024)- Bande annonce


samedi 3 mai 2025

Les insoupçonnables pouvoirs du monde du silence - Part.5

“Nous sommes nos choix” - Jean-Paul Sartre


Dans un sens assez général, l'aptitude à aimer devrait déjà commencer par soi-même. Au début des années 2000, je ne suis même pas sûr de seulement m’apprécier. Tout était discordant : le travail, les relations amoureuses, la vie sociale, la famille, presque tout était dévoré par un mal-être. Je reconnais que, tout en la niant, cette souffrance profonde, je l'ai parfois faite payer de manière excessive et injuste, par un comportement acrimonieux devenu insupportable pour mon entourage, à commencer par moi. Bien que je sois indifférent à l'image que je renvoie, je n'avais pas pour ambition de devenir, non plus, un connard beurré des deux côtés. 

Alors, pensant sans doute qu'un nouveau décor changerait la situation, j’écoute mon cœur et je pars m’installer aux États-Unis en laissant mon cerveau à la consigne. Je reviens, un peu moins d’un an plus tard, brisé, anéanti et toute ma vie contenue dans une valise que British Airways a trouvé le moyen de paumer. Je ne l’ai jamais réclamée ; préférant clore définitivement un chapitre de ma vie, pour entamer le nouveau, sans plus rien hormis, mon portefeuille, ma bite et un briquet. Néanmoins, dans le lointain, je perçois distinctement le tic-tac de l’horloge d’un renouveau ; un besoin irrépressible de revenir à l'essentiel. Jusqu’ici, par manque d’ambition peut-être, j’avais laissé aux circonstances la maîtrise de mes objectifs de vie. À présent, le plus important à accomplir était de renouer avec la simplicité. Sur le plan matériel, une compagnie aérienne s’était chargée de peaufiner mon minimalisme. Par nature, je suis déjà une menace pour le système, j’ai peu de désirs, je ne suis pas envieux aussi, l’argent, les belles montres, les fringues de marques (ou pas), les grosses voitures, le blingbling en général et le superflu en particulier, n’ont jamais été ma cam. Ça ne me dérange aucunement de rester une semaine dans les mêmes fringues ou d’utiliser un portable de l’ère glaciaire. 


Côté relationnel, les amis avec qui j'ai grandi et évolué mutuellement se comptent sur une seule main, et cela me suffit amplement. Pour ce qui est du reste, le simple fait de supprimer les réseaux sociaux a suffi à éliminer les situations chronophages, les relations vaines et les emmerdes aussi efficacement qu'un bon typhus. Cela m'a pris des années, beaucoup de remise en question pour créer mon monde sans faire chier autrui, certes ; mais être en accord avec moi-même a été bien plus précieux que n'importe quelle forme d’inconfort. J'ai fait le choix de la solitude. Je l'ai vécu à une époque comme une épreuve mais elle s’est transformée en véritable privilège. C’est elle, finalement, qui a déterminé la profondeur et la qualité de mes relations, plus que leur nombre. Elle a installé également une forme de maturité, peut-être même d'intuition, je sais quand m’impliquer et quand me retirer afin de ne plus être esclaves des attentes des autres ou d’avoir à prouver quoi que ce soit à quiconque. Le bénéfice collatéral réside dans cette force qu'est le silence qui a su résoudre à lui seul toutes les difficultés de communication auxquelles, jadis,  je faisais face. Malgré cela, pour bien “pousser”, il faut aussi “se planter” et il y a eu des erreurs, des rechutes, des personnes auxquelles je n’ai pas pu m'empêcher de m'attacher, des personnes que j'aurais souhaité inviter dans ma vie, mais qui sont restées à l’extérieur, figées sur le seuil de leur incompréhension. Je me console en supposant que cela faisait sans doute partie d’un genre de processus darwiniste de sélection naturelle. Pendant des années, espérant une improbable alchimie, j’ai attendu que mon existence évolue. C’est déroutant qu’il m’ait fallu approcher de la cinquantaine, alors que très jeune, j’avais déjà toutes les clés en main, pour réaliser que c’est elle qui attendait que je me bouge et vive une vie que les autres semblent avoir de la peine à comprendre. En réalité, ont-ils vraiment besoin de la comprendre ? Ce n’est pas la leur après tout. 

(À suivre…) 


[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Melanie De Biasio - “Your Freedom is the End Of Me”

mercredi 30 avril 2025

Apophtegme




Je m'acier ou je métal ? 
Que fer ? 





[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Lupe Fiasco (feat. Jill Scott) - “ Daydreamin'"

samedi 26 avril 2025

Les insoupçonnables pouvoirs du monde du silence - Part.4

La solitude, ce n’est pas être seul. c’est être entouré de personnes qui ne vous comprennent pas.” - Jules Renard


Ni un cancre, ni un premier de la classe, mon enfance est à l’image de ma vie : un cheminement en équilibre sur une ligne médiane. À l’école, je rêvassais, ce que confirmaient mes carnets de correspondance. C’est tout de même un soulagement pour mes Parents qui présupposent que j’aime l’école alors que moi, j’aime surtout apprendre ; seulement, pas ce qui y est enseigné. Leur enthousiasme dégringole alors aussi sûrement qu’une colonne de mercure en plein arctique. Il fallu peu de temps à mon Père, en sautant une ligne de mon livre de lecture, pour réaliser que je savais mes leçons mais que j’étais incapable de déchiffrer un seul mot. Et c’est en classe de CP, dans des senteurs froides de colle “cléopâtre”, de copies aux odeurs d'alcool, buvards et stylos encres qui tachent, que je passe mes récréations du second semestre en cours particulier avec ma “maîtresse” ; les temps ont bien changés, n’est-ce pas ? Une fois acquise, la lecture est devenue une vraie boulimie ; ça ne m’a pas lâché.

J’ai toujours eu beaucoup de difficultés avec les autres. Pendant longtemps, je me suis dit : “reste toi-même et le monde s’adaptera”. Pas si simple en définitive, la stratégie aurait mérité quelques remaniements  et, c’est naturellement, dans les livres que j’ai tenté de trouver les correctifs. J’espérais résoudre l’insoluble équation qui m’aurait permis de rester tel que je suis tout en me défaisant de l’image que les autres avaient de moi : genre “Mercredi”, de la famille Adams, version masculine. C’était moins pour être accepter que pour comprendre :  je ne pigeais pas pourquoi certains comportements étaient évidents pour les autres et pas pour moi ? Pourquoi une phrase identique dite par un autre ou par moi était perçue de manière différente ? 

Mes espoirs résidaient dans des ouvrages aux titres prometteurs : “Pour ne plus vivre sur la planète TAIRE”, “Le courage d’être soi”, “Cessez d'être gentil, soyez vrai !”, “Si je m’écoutais, je m’entendrais”, etc. (sic). Intellectuellement, je comprenais parfaitement les concepts, quant à les appliquer, mon mental a fini par s’épuiser à force de saupoudrer les phrases de sucre rose bonbon jusqu’à ce qu’elles prennent des allures de barbe à papa géante qui ne reflétaient plus du tout le fond de ma pensée ; avec en parallèle,  un naturel et une personnalité qui se disputaient vainement leur tour de garde perdus dans un trou béant au allure de siphon. Tout cela, simplement pour ne pas heurter l’ego éminemment susceptible de collègues, le cul assis conjointement sur leur incompétence et le titre pompeux de leur fonction ou, d’ex-enfants roi d’un insondable orgueil irrespectueux à ménager à tout prix : “bichettes” : insupportable !

Dans un même temps, j’ai écumé les rayons de développement personnel.  Ces nouveaux dogmes pour la plupart inspirés de la psychologie positive et qui sont, un peu, ce que le père Noël était pour le New Age. Certaines de ces lectures sont loin d'être sans intérêt, elles m’ont même apporté des enseignements mais également leur poids de frustrations. Toutes ces pages remplies d'injonctions à peine dissimulées, donnaient à penser qu’il était anormal de ne pas être toujours souriant, plein d’amour et de bonheur, magnétique et irrésistible - rien que ça-.  C’était déjà beaucoup d’efforts pour moi de me forcer à être positif dans mon activité professionnelle alors qu’en dehors j'étais bien conscient que nier ou réprimer mes pensées ou émotions négatives ne les ferait pas disparaître. Finalement,  les frustrations m’ont mené à l'exaspération puis à l’épuisement sans même la satisfaction d’avoir évolué dans ma relation aux autres. Au contraire, je crois que j’étais largué plus que jamais. Ce serait à refaire, je m’en tiendrais aux philosophes de l’Antiquité ou autres écrivains, penseurs et poètes des Lumières ou du Romantisme : ils avaient déjà tout cerné, tout compris. À un moment de ma vie, je me suis senti complètement vidé. En guerre déjà contre tout et tout le monde, je me sentais en plus, maintenant, contraint de me battre contre ma propre nature. Difficile dans ces conditions d’être en paix avec moi-même. Il me fallait prendre un peu de distance et, c’est dans d’autres flacons que je suis allé chercher, l’illusion d’un réconfort.

(À suivre…)


[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Dekker - “Tethered, Wrapped Around”

lundi 21 avril 2025

De mon balcon

 

Le 6 avril à 20h48


Le 14 avril à 16h35


dimanche 20 avril 2025

Joyeuses Pâques

 


[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Boy & Bear - “Rabbit Song”

samedi 19 avril 2025

Les insoupçonnables pouvoirs du monde du silence - Part.3

“Ce n'est pas un signe de bonne santé mentale d'être bien adapté à une société malade.” - Jiddu Krishnamurti

Est-ce que je me sens unique dans ma merde, seul, marginal, “spécial”, incompris ? Non, pas du tout. Je pense simplement que tout le monde n’est pas fait pour suivre le courant et comme d’autres de mes congénères, pour des raisons qui nous sont aussi diverses que variées, nous avons différentes façons de le manifester. “Il me fait beaucoup penser à toi”, ce sont les mots de ma Soeur en me parlant de mon Neveu (je ne suis pas certain que ce soit un compliment). C’est en suivant son évolution, que j’ai réalisé les incommensurables efforts que mes Parents ont dû fournir pour tenter de m’amidonner dans le costume sur mesure de la conformité. C’est simple, je n’aimais pas être avec les autres ou du moins, pour modérer mon propos, d’être contraint de supporter des personnes avec lesquelles je n’avais pas choisi d’interagir. Cela m'a toujours paru hypocrite, insupportable et énergivore de céder une part de moi-même en contrepartie,
soi-disant, d’une intégration dans un monde qui tient pour moi plus de l’illusion que d’une réalité objective. Cela ne veut pas dire que je hais les gens ou que je cherche à éviter tout contact social. Malgré ma méfiance envers l’humanité dans son ensemble, il m’arrive parfois de faire crédit aux particuliers.


Plus jeune, sans pouvoir vraiment le conceptualiser, je pense que j’avais compris, dans un certain innéisme, la différence entre socialiser par choix et socialiser par obligation. Je n’ai jamais eu de patience pour les banalités, les relations superficielles, les personnes qui se sentent obliger de parler et d'agir comme ils pensent devoir le faire dans l’espoir de m’impressionner ou d’obtenir mon acceptation forcée. De mon enfance jusqu’à il y a encore une vingtaine d'années, cela se traduisait en retour par un comportement primesautier exacerbé et une réponse aux problématiques de la vie par une économie de moyen, le moins de contraintes possibles et une sincérité sans filtre. Ironie du sort, de ma préadolescence à ma vie d’adulte, je suis très exposé autant dans mes passions que dans mes activités professionnelles. Or, le simple fait d’être ce que je suis en toute franchise, m’a souvent été très lourdement préjudiciable, y-compris dans mes relations intimes. Tous, nous avons sciemment dû supporter des relations si pauvres en protéines qu’elles tenaient à peine debout, des conversations au sommet de la vacuité,  endurer la perception du mensonge sur les lèvres de notre interlocuteur, accepter la duperie de celui qui nous parle tout en cherchant l’approbation dans notre regard. J’ai dû maintes fois, par obligation (souvent professionnelle) “jouer le jeu”. Mais en fait, cette comédie à peine déguisée, me rend nerveux, chasse mon naturel qui finit par transparaître dans un langage corporel éloquent.

Que fallait-il faire ? Ouvrir les portes de la névrose à perpète et suivre le script social pour ne pas être la victime de ce que je suis ? Au milieu de ma trentaine, je m’interroge et expérimente ; moins pour être “accepté” que pour “exister”, non pour me fondre dans la masse mais pour survivre dans cette société qui veut bien qu’on soit soi-même “si et seulement si” on répond aux critères des nouveaux paradigmes sociaux et idéologies culturelles. C’est assez déconcertant de réaliser aujourd’hui, que les fruits de cette réflexion et les modus ponens en place déjà dans mon enfance aboutissent à la conclusion que le prix de la socialisation est souvent la médiocrité.

(À suivre…)

[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Tal Arditi - “I'm Living Again

vendredi 18 avril 2025

Soumis (presque) sans commentaire


Bon w  k nd d  Pâqu s, j'ai caché l s "e". 

samedi 12 avril 2025

Les insoupçonnables pouvoirs du monde du silence - Part.2

“le Temps ne respecte pas ce qui se fait sans lui.” - Paul Morand

Ce n’est pas évident pour moi d’assumer d’être un pur produit des années 70, l’ère de l’exubérance consumériste, de l’âge d’or du plastique triomphant, des objets à usage unique et du tout jetable. Si l’on ajoute à cela que je m’inscris dans la typique progéniture du baby-boomer qui projette sur son gosse l'illusion d'un avenir radieux que lui, par manque de moyen ou d’opportunité, n'a pas eu l’occasion de réaliser, j’entre, a priori, dans un canevas parfaitement tracé autour duquel j’ai dû jouer à la marelle tant, ce que je pense être devenu, est en complet décalage avec l’évolution qu’a connu la société. Je l’assume, à 6 ans, j’étais déjà vieux : la préhistoire incarnée. Dans les années 1970/80, je suis moins épaté par les évolutions technologiques naissantes que par mes Grands-Parents. Tout en buvant mon cacolac, je revois mon Grand-Père paternel (que j’ai connu son existence entière en bleu de travail), démonter, nettoyer et remonter des centaines de minuscules engrenages qui se ressemblaient tous pour reconstituer sa montre ; faire apparaître un panier avec des écorces d’arbre ; aiguiser une longue faux avec “un drôle de cailloux” ; lire son journal avec une petite loupe triptyque pliante. J’entends encore avec une parfaite acuité le bruit caractéristique de son rasoir coupe-chou sur la barbe du voisin et je sens encore les essences intenses de l’eau de cologne “Tabac” sur cette peau rasée sans la moindre égratignure.

C’était également cette indulgence naturelle de cet homme, rouge à en rendre jaloux Staline, vivre heureux avec ma Grand-Mère qui me serrait contre sa chaude et opulente poitrine au service religieux du jeudi soir dans une église décidément aussi vide que glaciale ; elle m’apprenait les délicates prières à Sainte Rita, patronne des causes perdues (sic et re-sic). Tout ça, dans une langueur feutrée puisque les sentiments se suffisaient à eux-mêmes. Et ainsi s'égrènaient les vacances d’été chez mes Grand-Parents, dans un silence si paisible et profond que l’idée même du langage semblait ne jamais avoir existé. L’économie des mots, l’intensité des émotions dans un milieu où l’on était riche de rien et heureux avec peu. Cette simplicité, non seulement m'inspire encore et continue de me construire. 

A contrario, mon éducation, l’école, mon entourage, mon petit milieu social de l’époque déployaient toute leur énergie pour me faire entrer, à grand renfort de chausse-pied, dans ce qu’était pour eux la conception de “la normalité heureuse”. Cela devait nécessairement résider dans le conformisme et la connexion aux autres afin d'asseoir, j’imagine, un sentiment d’appartenance. Ce n’est pas un reproche, bien entendu, tout était pétri de bonnes intentions éducatives. Néanmoins, cela a contribué à renforcer un mal être précoce déjà bien installé. J’étais, à l'époque, incapable de l’analyser. Très jeune déjà, je me suis senti à part ; ô certainement ni plus ni moins que d’autres, seulement cela a subsisté jusqu’à aujourd’hui. Non que je me sente différent ou que j’éprouve une quelconque supériorité, bien au contraire, je me sens le plus souvent perdu, comme inadapté à la société. C’est d’ailleurs probablement la raison d’une certaine instabilité et d’un manque de confiance en moi. Même gamin, j’ai toujours eu un regard méfiant sur le monde qui m’entourait et, plus j'appréhendais le décalage entre ce que j’en percevais et ce que l’on attendait de moi, moins j’avais envie d’y appartenir.

(À suivre…)


[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Lucy Rose - Question It All

[+]Crédit Image Voglio Bene Tenture Sainte-Rita Cercle Rouge Store Montpellier

mercredi 9 avril 2025

Tu lis trop de livres


Où ce qui devait arriver arrive à un détail près. 
Daniel Pennac - "Aux fruit de la passion"

samedi 5 avril 2025

Les insoupçonnables pouvoirs du monde du silence - Part.1

“Combien noble est celui qui ne veut être ni maître ni esclave” - Khalil Gibran

Ce blog m’est décidément nécessaire pour poser des mots et ranger tout un bordel que j’ai dans la tête. C’est une occasion de faire taire, quand cela s’avère utile, ce consortium qui, tel un tribunal inquisitorial, tente d’imposer sa loi dans ce qui me sert de cerveau. Toutes ces voix, qui siègent là-haut, parlent trop fort aussi, il est bon parfois, de les inviter à s'asseoir et surtout à la boucler. Je me suis toujours refusée à la psychanalyse. Je n’ai rien contre et je suis persuadé que certains trouvent en elle beaucoup de bénéfices. Ce n'est juste pas fait pour moi. À tort ou à raison, avec ses limites, je valorise mon propre esprit et privilégie l’introspection (sans doute mon côté autodidacte). Je n'ai pas envie de m’engager pendant des années, allongé sur un divan, à engraisser financièrement un psy somnolent et dont les conclusions subjectives de ce qu’il aura retenu au cours de sa digestion, se révéleront être ce que je sais déjà intuitivement. Arrivée à la cinquantaine avec une grosse mémoire, surtout très encombrée, il n’est pas rare que les souvenirs mentent. “Se souvenir, c’est soustraire” ainsi, je sais qu’allongé sur un sofa qui sent bon le cuir hors de prix, me poussera inévitablement au mensonge. L’analyse est trop centrée sur l’ego. Je crains de céder à la tentation, somme toute naturelle, à voir les choses telles que je suis et non telles qu’elles sont réellement. Jusqu'à aujourd’hui, avec plus ou moins de succès, je m'efforce de réduire l’écart entre ce que pense être et ce que je suis réellement. Ça implique, du mieux que je le peux, d’aller à l’essence d’une vérité “fiable” inhérente à chacune de mes expériences vécues, une sorte de parcours phénoménologique en quelque sorte et, quelquefois, digne de l’agonie de Sisyphe. Bien qu’enrichissante, ce n'est pas toujours une démarche agréable. 

Il ne s’agit pas de tout intellectualiser seulement, jour après jour, je me rends bien compte, avec amertume, que notre société est moins avide de vérité que de réponse. On nous demande juste d’écouter, de croire sur parole, de ne rien savoir mais d’avoir réponse à tout et une mémoire courte. Tout ça, bien entendu, entretenu et exacerbé par des réseaux sociaux et autres médias bien informés qui saturent notre attention avec des informations superficielles qu’en chasse aussitôt une autre et nous éloignent de l’essentiel. Beaucoup prennent plaisir et ne voient aucun problème à prendre part à ce système. Ils adhèrent volontiers à l’emprise de cette société qui cherche ardemment à définir, les pensées, les comportements, les goûts, les passions, les rêves, en définitive, à imposer une vie qui est peut-être devenue la leur mais n’est en tout cas pas la mienne. Avec un minimum d’honnêteté et de discernement, il faut bien admettre, avec une lucidité un peu brutale, que notre société n’est plus conçue pour que les gens pensent trop mais pour les maintenir distrait, engourdir leur cerveaux (euphémisme?). En quelque sorte, au fond, une Description Méthodique Du Vide comme le définit Renepaulhenry dans son blog au titre et contenu pertinent et dont je partage souvent l’opinion. 

Je ne prétends pas toujours y arriver cependant il faut faire preuve d’une certaine volonté pour assumer ses opinions, penser différemment, voire de courage pour parvenir à être en phase avec soi-même et surtout, ne pas craindre les regards sentencieux et les jugements péremptoires de ceux enrôlés dans ces nouvelles idéologies modernes. Je suis le doute en personne, c'est plus fort que moi, c’est comme inscrit dans mon ADN. Je refuse quasi systématiquement d'accepter aveuglément les vérités auxquelles les autres me disent de croire, souvent par crainte d’être dupé ou manipulé. Ce n’est pas, comme je l’entends souvent, tel un verdict hâtif et catégorique, que j’ai un esprit de contradiction, non, c’est juste que j’ai besoin “que ça monte au cerveau”. J’ai besoin de temps pour questionner mes expériences passées, traiter ces nouvelles informations, les analyser et les valider (ou pas) afin qu’elles soient compatibles avec mes principes et mes valeurs. C’est seulement après que je peux éventuellement revenir sur ma première réaction. Je privilégie un "non" éventuellement provisoire à la fragilité d'un "oui" de circonstance et forcé.  Cette quête de cohérence avec moi-même m’a amené progressivement à, quelque peu, me marginaliser, à faire du silence une source d'équilibre, à m’isoler non pas comme une punition mais pour jouir d’une certaine paix et liberté. Seulement, malgré ça, cela n’évite pas les emmerdes, c’est probablement même, là où elles commencent.

(À suivre…)

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