samedi 22 février 2025

Still In The Air - Part.4


Lors des hivers avec des périodes de froid glacial comme nous en avons ces dernières semaines, j’enfile mon gros pull, cadeau de ma Mère il y a sans doute plus de 20 ans. Immédiatement, je me transforme en grosse pelote de laine. Elle tricote comme elle cuisine : au pif. D’un gris imprécis, sans recto ni verso, il m’arrive aux genoux, deux longueurs de bras par manche (miraculeusement égales) ; tout le monde peut rentrer dedans, et quand je dis “tout le monde”... c’est tout le monde en même temps. Il est chaud, confortable, un cocon de douceur. S. le portrait souvent quand nous vivions ensemble. Quand il faisait la gueule pour d’amphigouriques raisons, il l'enfilait pour dormir sur le canapé complétant ainsi la chaleur du plaid. Je ne l’ai jamais lavé je crois, c’est un peu mon doudou à moi. Je ne regarde plus la TV. Pour les nouvelles, je consulte vos blogs et ce que je lis ne m’encourage pas à l’allumer. Aussi, 20h30 / 21h00, il n’est pas rare que je sois déjà couché emmitouflé pour bouquiner dans le confort de ses grosses mailles. En ce moment, j’alterne entre littérature distrayante et classique. Quand on s’attaque aux Misérables de Victor Hugo, j’imagine que tout ce qui peut arriver à côté dans la vie ne peut être que mieux. Quand je referme le bouquin, les yeux restent quelques instants agrafés au plafond, tel le penseur de Rodin alité. Je me dis que finalement, cette vie bien “rangée” n’a peut-être pas lieu d’être “dérangée”. J’ai tout ce qu’il me faut et je suis sans doute plus privilégié que d’autres. Je fais ce que je veux, quand je le veux. Je peux même me permettre de ne rien faire, ce qui est une grande nouveauté chez moi qui ait toujours eu une certaine urgence à ajouter des tâches superfétatoires à ma vie, histoire de tuer l’ennui ou vaincre ce vice typiquement judéo-chrétien qu’est la paresse. Pour tout dire, j’avouerai que je peux même parfois me sentir satisfait autrement qu’à deux. Pendant trop longtemps, mon cerveau a investi dans le fantasme de mon premier amour intense. Comme pour beaucoup (peut-être ?) quand la relation a pris fin, inconsciemment, je courais toujours après pensant vivre avec un autre aussi bien sinon mieux… je recherchais les effets de ce premier “shoot” quoi ! J’en suis conscient aujourd’hui et cela me soulage de pouvoir l’accepter. L'expérience est un bon professeur ; certes, elle m'a coûté cher mais elle explique bien et quand bien même je ne comprenais pas, elle m'a rabâché la leçon jusqu'à ce que je la sâche. Ça peut prendre du temps, même si malgré tout, je pense que sur la question sentimentale, l’expérience peut être une lanterne que l’on porte dans le dos.
Je pressens qu’il va y avoir des bouleversements dans ma vie cette année ; de quel ordre, je ne pourrai le dire et, je ne sais pas pourquoi, mais je ne suis pas si pressé de le découvrir. D’après une amie de Manu, qui lit dans les boules de cristal vissées aux rampes d’escaliers, je vais rencontrer quelqu’un de plus âgé, de cultivé, qui aime lire, et qu’elle visualise dans un nuage de fumée mystique, installé dans un fauteuil confortable. Okay ! Pourquoi pas ?! Seulement le fauteuil, j’espère que je n’aurais pas à le pousser. Je ne veux pas me transformer en infirmière ou à l’inverse, je n’ai pas les moyens d’être un sugar daddy. “Alors, cette fameuse rencontre c’est pour quand ?” - “Still in the air, buddy!”  Qu’importe ! Je profite du célibat : je peux descendre de mon lit des deux côtés, pas de dispute, pas de jalousie, zéro tracas. Pour l’instant, je suis l’homme de ma vie et ça me suffit.

[+]Crédit Photo Pierre et Gilles - La Voyante
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