mercredi 30 avril 2025

Apophtegme




Je m'acier ou je métal ? 
Que fer ? 





[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Lupe Fiasco (feat. Jill Scott) - “ Daydreamin'"

samedi 26 avril 2025

Les insoupçonnables pouvoirs du monde du silence - Part.4

La solitude, ce n’est pas être seul. c’est être entouré de personnes qui ne vous comprennent pas.” - Jules Renard


Ni un cancre, ni un premier de la classe, mon enfance est à l’image de ma vie : un cheminement en équilibre sur une ligne médiane. À l’école, je rêvassais, ce que confirmaient mes carnets de correspondance. C’est tout de même un soulagement pour mes Parents qui présupposent que j’aime l’école alors que moi, j’aime surtout apprendre ; seulement, pas ce qui y est enseigné. Leur enthousiasme dégringole alors aussi sûrement qu’une colonne de mercure en plein arctique. Il fallu peu de temps à mon Père, en sautant une ligne de mon livre de lecture, pour réaliser que je savais mes leçons mais que j’étais incapable de déchiffrer un seul mot. Et c’est en classe de CP, dans des senteurs froides de colle “cléopâtre”, de copies aux odeurs d'alcool, buvards et stylos encres qui tachent, que je passe mes récréations du second semestre en cours particulier avec ma “maîtresse” ; les temps ont bien changés, n’est-ce pas ? Une fois acquise, la lecture est devenue une vraie boulimie ; ça ne m’a pas lâché.

J’ai toujours eu beaucoup de difficultés avec les autres. Pendant longtemps, je me suis dit : “reste toi-même et le monde s’adaptera”. Pas si simple en définitive, la stratégie aurait mérité quelques remaniements  et, c’est naturellement, dans les livres que j’ai tenté de trouver les correctifs. J’espérais résoudre l’insoluble équation qui m’aurait permis de rester tel que je suis tout en me défaisant de l’image que les autres avaient de moi : genre “Mercredi”, de la famille Adams, version masculine. C’était moins pour être accepter que pour comprendre :  je ne pigeais pas pourquoi certains comportements étaient évidents pour les autres et pas pour moi ? Pourquoi une phrase identique dite par un autre ou par moi était perçue de manière différente ? 

Mes espoirs résidaient dans des ouvrages aux titres prometteurs : “Pour ne plus vivre sur la planète TAIRE”, “Le courage d’être soi”, “Cessez d'être gentil, soyez vrai !”, “Si je m’écoutais, je m’entendrais”, etc. (sic). Intellectuellement, je comprenais parfaitement les concepts, quant à les appliquer, mon mental a fini par s’épuiser à force de saupoudrer les phrases de sucre rose bonbon jusqu’à ce qu’elles prennent des allures de barbe à papa géante qui ne reflétaient plus du tout le fond de ma pensée ; avec en parallèle,  un naturel et une personnalité qui se disputaient vainement leur tour de garde perdus dans un trou béant au allure de siphon. Tout cela, simplement pour ne pas heurter l’ego éminemment susceptible de collègues, le cul assis conjointement sur leur incompétence et le titre pompeux de leur fonction ou, d’ex-enfants roi d’un insondable orgueil irrespectueux à ménager à tout prix : “bichettes” : insupportable !

Dans un même temps, j’ai écumé les rayons de développement personnel.  Ces nouveaux dogmes pour la plupart inspirés de la psychologie positive et qui sont, un peu, ce que le père Noël était pour le New Age. Certaines de ces lectures sont loin d'être sans intérêt, elles m’ont même apporté des enseignements mais également leur poids de frustrations. Toutes ces pages remplies d'injonctions à peine dissimulées, donnaient à penser qu’il était anormal de ne pas être toujours souriant, plein d’amour et de bonheur, magnétique et irrésistible - rien que ça-.  C’était déjà beaucoup d’efforts pour moi de me forcer à être positif dans mon activité professionnelle alors qu’en dehors j'étais bien conscient que nier ou réprimer mes pensées ou émotions négatives ne les ferait pas disparaître. Finalement,  les frustrations m’ont mené à l'exaspération puis à l’épuisement sans même la satisfaction d’avoir évolué dans ma relation aux autres. Au contraire, je crois que j’étais largué plus que jamais. Ce serait à refaire, je m’en tiendrais aux philosophes de l’Antiquité ou autres écrivains, penseurs et poètes des Lumières ou du Romantisme : ils avaient déjà tout cerné, tout compris. À un moment de ma vie, je me suis senti complètement vidé. En guerre déjà contre tout et tout le monde, je me sentais en plus, maintenant, contraint de me battre contre ma propre nature. Difficile dans ces conditions d’être en paix avec moi-même. Il me fallait prendre un peu de distance et, c’est dans d’autres flacons que je suis allé chercher, l’illusion d’un réconfort.

(À suivre…)


[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Dekker - “Tethered, Wrapped Around”

lundi 21 avril 2025

De mon balcon

 

Le 6 avril à 20h48


Le 14 avril à 16h35


dimanche 20 avril 2025

Joyeuses Pâques

 


[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Boy & Bear - “Rabbit Song”

samedi 19 avril 2025

Les insoupçonnables pouvoirs du monde du silence - Part.3

“Ce n'est pas un signe de bonne santé mentale d'être bien adapté à une société malade.” - Jiddu Krishnamurti

Est-ce que je me sens unique dans ma merde, seul, marginal, “spécial”, incompris ? Non, pas du tout. Je pense simplement que tout le monde n’est pas fait pour suivre le courant et comme d’autres de mes congénères, pour des raisons qui nous sont aussi diverses que variées, nous avons différentes façons de le manifester. “Il me fait beaucoup penser à toi”, ce sont les mots de ma Soeur en me parlant de mon Neveu (je ne suis pas certain que ce soit un compliment). C’est en suivant son évolution, que j’ai réalisé les incommensurables efforts que mes Parents ont dû fournir pour tenter de m’amidonner dans le costume sur mesure de la conformité. C’est simple, je n’aimais pas être avec les autres ou du moins, pour modérer mon propos, d’être contraint de supporter des personnes avec lesquelles je n’avais pas choisi d’interagir. Cela m'a toujours paru hypocrite, insupportable et énergivore de céder une part de moi-même en contrepartie,
soi-disant, d’une intégration dans un monde qui tient pour moi plus de l’illusion que d’une réalité objective. Cela ne veut pas dire que je hais les gens ou que je cherche à éviter tout contact social. Malgré ma méfiance envers l’humanité dans son ensemble, il m’arrive parfois de faire crédit aux particuliers.


Plus jeune, sans pouvoir vraiment le conceptualiser, je pense que j’avais compris, dans un certain innéisme, la différence entre socialiser par choix et socialiser par obligation. Je n’ai jamais eu de patience pour les banalités, les relations superficielles, les personnes qui se sentent obliger de parler et d'agir comme ils pensent devoir le faire dans l’espoir de m’impressionner ou d’obtenir mon acceptation forcée. De mon enfance jusqu’à il y a encore une vingtaine d'années, cela se traduisait en retour par un comportement primesautier exacerbé et une réponse aux problématiques de la vie par une économie de moyen, le moins de contraintes possibles et une sincérité sans filtre. Ironie du sort, de ma préadolescence à ma vie d’adulte, je suis très exposé autant dans mes passions que dans mes activités professionnelles. Or, le simple fait d’être ce que je suis en toute franchise, m’a souvent été très lourdement préjudiciable, y-compris dans mes relations intimes. Tous, nous avons sciemment dû supporter des relations si pauvres en protéines qu’elles tenaient à peine debout, des conversations au sommet de la vacuité,  endurer la perception du mensonge sur les lèvres de notre interlocuteur, accepter la duperie de celui qui nous parle tout en cherchant l’approbation dans notre regard. J’ai dû maintes fois, par obligation (souvent professionnelle) “jouer le jeu”. Mais en fait, cette comédie à peine déguisée, me rend nerveux, chasse mon naturel qui finit par transparaître dans un langage corporel éloquent.

Que fallait-il faire ? Ouvrir les portes de la névrose à perpète et suivre le script social pour ne pas être la victime de ce que je suis ? Au milieu de ma trentaine, je m’interroge et expérimente ; moins pour être “accepté” que pour “exister”, non pour me fondre dans la masse mais pour survivre dans cette société qui veut bien qu’on soit soi-même “si et seulement si” on répond aux critères des nouveaux paradigmes sociaux et idéologies culturelles. C’est assez déconcertant de réaliser aujourd’hui, que les fruits de cette réflexion et les modus ponens en place déjà dans mon enfance aboutissent à la conclusion que le prix de la socialisation est souvent la médiocrité.

(À suivre…)

[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Tal Arditi - “I'm Living Again

vendredi 18 avril 2025

Soumis (presque) sans commentaire


Bon w  k nd d  Pâqu s, j'ai caché l s "e". 

samedi 12 avril 2025

Les insoupçonnables pouvoirs du monde du silence - Part.2

“le Temps ne respecte pas ce qui se fait sans lui.” - Paul Morand

Ce n’est pas évident pour moi d’assumer d’être un pur produit des années 70, l’ère de l’exubérance consumériste, de l’âge d’or du plastique triomphant, des objets à usage unique et du tout jetable. Si l’on ajoute à cela que je m’inscris dans la typique progéniture du baby-boomer qui projette sur son gosse l'illusion d'un avenir radieux que lui, par manque de moyen ou d’opportunité, n'a pas eu l’occasion de réaliser, j’entre, a priori, dans un canevas parfaitement tracé autour duquel j’ai dû jouer à la marelle tant, ce que je pense être devenu, est en complet décalage avec l’évolution qu’a connu la société. Je l’assume, à 6 ans, j’étais déjà vieux : la préhistoire incarnée. Dans les années 1970/80, je suis moins épaté par les évolutions technologiques naissantes que par mes Grands-Parents. Tout en buvant mon cacolac, je revois mon Grand-Père paternel (que j’ai connu son existence entière en bleu de travail), démonter, nettoyer et remonter des centaines de minuscules engrenages qui se ressemblaient tous pour reconstituer sa montre ; faire apparaître un panier avec des écorces d’arbre ; aiguiser une longue faux avec “un drôle de cailloux” ; lire son journal avec une petite loupe triptyque pliante. J’entends encore avec une parfaite acuité le bruit caractéristique de son rasoir coupe-chou sur la barbe du voisin et je sens encore les essences intenses de l’eau de cologne “Tabac” sur cette peau rasée sans la moindre égratignure.

C’était également cette indulgence naturelle de cet homme, rouge à en rendre jaloux Staline, vivre heureux avec ma Grand-Mère qui me serrait contre sa chaude et opulente poitrine au service religieux du jeudi soir dans une église décidément aussi vide que glaciale ; elle m’apprenait les délicates prières à Sainte Rita, patronne des causes perdues (sic et re-sic). Tout ça, dans une langueur feutrée puisque les sentiments se suffisaient à eux-mêmes. Et ainsi s'égrènaient les vacances d’été chez mes Grand-Parents, dans un silence si paisible et profond que l’idée même du langage semblait ne jamais avoir existé. L’économie des mots, l’intensité des émotions dans un milieu où l’on était riche de rien et heureux avec peu. Cette simplicité, non seulement m'inspire encore et continue de me construire. 

A contrario, mon éducation, l’école, mon entourage, mon petit milieu social de l’époque déployaient toute leur énergie pour me faire entrer, à grand renfort de chausse-pied, dans ce qu’était pour eux la conception de “la normalité heureuse”. Cela devait nécessairement résider dans le conformisme et la connexion aux autres afin d'asseoir, j’imagine, un sentiment d’appartenance. Ce n’est pas un reproche, bien entendu, tout était pétri de bonnes intentions éducatives. Néanmoins, cela a contribué à renforcer un mal être précoce déjà bien installé. J’étais, à l'époque, incapable de l’analyser. Très jeune déjà, je me suis senti à part ; ô certainement ni plus ni moins que d’autres, seulement cela a subsisté jusqu’à aujourd’hui. Non que je me sente différent ou que j’éprouve une quelconque supériorité, bien au contraire, je me sens le plus souvent perdu, comme inadapté à la société. C’est d’ailleurs probablement la raison d’une certaine instabilité et d’un manque de confiance en moi. Même gamin, j’ai toujours eu un regard méfiant sur le monde qui m’entourait et, plus j'appréhendais le décalage entre ce que j’en percevais et ce que l’on attendait de moi, moins j’avais envie d’y appartenir.

(À suivre…)


[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Lucy Rose - Question It All

[+]Crédit Image Voglio Bene Tenture Sainte-Rita Cercle Rouge Store Montpellier

mercredi 9 avril 2025

Tu lis trop de livres


Où ce qui devait arriver arrive à un détail près. 
Daniel Pennac - "Aux fruit de la passion"

samedi 5 avril 2025

Les insoupçonnables pouvoirs du monde du silence - Part.1

“Combien noble est celui qui ne veut être ni maître ni esclave” - Khalil Gibran

Ce blog m’est décidément nécessaire pour poser des mots et ranger tout un bordel que j’ai dans la tête. C’est une occasion de faire taire, quand cela s’avère utile, ce consortium qui, tel un tribunal inquisitorial, tente d’imposer sa loi dans ce qui me sert de cerveau. Toutes ces voix, qui siègent là-haut, parlent trop fort aussi, il est bon parfois, de les inviter à s'asseoir et surtout à la boucler. Je me suis toujours refusée à la psychanalyse. Je n’ai rien contre et je suis persuadé que certains trouvent en elle beaucoup de bénéfices. Ce n'est juste pas fait pour moi. À tort ou à raison, avec ses limites, je valorise mon propre esprit et privilégie l’introspection (sans doute mon côté autodidacte). Je n'ai pas envie de m’engager pendant des années, allongé sur un divan, à engraisser financièrement un psy somnolent et dont les conclusions subjectives de ce qu’il aura retenu au cours de sa digestion, se révéleront être ce que je sais déjà intuitivement. Arrivée à la cinquantaine avec une grosse mémoire, surtout très encombrée, il n’est pas rare que les souvenirs mentent. “Se souvenir, c’est soustraire” ainsi, je sais qu’allongé sur un sofa qui sent bon le cuir hors de prix, me poussera inévitablement au mensonge. L’analyse est trop centrée sur l’ego. Je crains de céder à la tentation, somme toute naturelle, à voir les choses telles que je suis et non telles qu’elles sont réellement. Jusqu'à aujourd’hui, avec plus ou moins de succès, je m'efforce de réduire l’écart entre ce que pense être et ce que je suis réellement. Ça implique, du mieux que je le peux, d’aller à l’essence d’une vérité “fiable” inhérente à chacune de mes expériences vécues, une sorte de parcours phénoménologique en quelque sorte et, quelquefois, digne de l’agonie de Sisyphe. Bien qu’enrichissante, ce n'est pas toujours une démarche agréable. 

Il ne s’agit pas de tout intellectualiser seulement, jour après jour, je me rends bien compte, avec amertume, que notre société est moins avide de vérité que de réponse. On nous demande juste d’écouter, de croire sur parole, de ne rien savoir mais d’avoir réponse à tout et une mémoire courte. Tout ça, bien entendu, entretenu et exacerbé par des réseaux sociaux et autres médias bien informés qui saturent notre attention avec des informations superficielles qu’en chasse aussitôt une autre et nous éloignent de l’essentiel. Beaucoup prennent plaisir et ne voient aucun problème à prendre part à ce système. Ils adhèrent volontiers à l’emprise de cette société qui cherche ardemment à définir, les pensées, les comportements, les goûts, les passions, les rêves, en définitive, à imposer une vie qui est peut-être devenue la leur mais n’est en tout cas pas la mienne. Avec un minimum d’honnêteté et de discernement, il faut bien admettre, avec une lucidité un peu brutale, que notre société n’est plus conçue pour que les gens pensent trop mais pour les maintenir distrait, engourdir leur cerveaux (euphémisme?). En quelque sorte, au fond, une Description Méthodique Du Vide comme le définit Renepaulhenry dans son blog au titre et contenu pertinent et dont je partage souvent l’opinion. 

Je ne prétends pas toujours y arriver cependant il faut faire preuve d’une certaine volonté pour assumer ses opinions, penser différemment, voire de courage pour parvenir à être en phase avec soi-même et surtout, ne pas craindre les regards sentencieux et les jugements péremptoires de ceux enrôlés dans ces nouvelles idéologies modernes. Je suis le doute en personne, c'est plus fort que moi, c’est comme inscrit dans mon ADN. Je refuse quasi systématiquement d'accepter aveuglément les vérités auxquelles les autres me disent de croire, souvent par crainte d’être dupé ou manipulé. Ce n’est pas, comme je l’entends souvent, tel un verdict hâtif et catégorique, que j’ai un esprit de contradiction, non, c’est juste que j’ai besoin “que ça monte au cerveau”. J’ai besoin de temps pour questionner mes expériences passées, traiter ces nouvelles informations, les analyser et les valider (ou pas) afin qu’elles soient compatibles avec mes principes et mes valeurs. C’est seulement après que je peux éventuellement revenir sur ma première réaction. Je privilégie un "non" éventuellement provisoire à la fragilité d'un "oui" de circonstance et forcé.  Cette quête de cohérence avec moi-même m’a amené progressivement à, quelque peu, me marginaliser, à faire du silence une source d'équilibre, à m’isoler non pas comme une punition mais pour jouir d’une certaine paix et liberté. Seulement, malgré ça, cela n’évite pas les emmerdes, c’est probablement même, là où elles commencent.

(À suivre…)

[+]La p’tite musique qui va bien avec… ⏯️ Charlie Cunningham - “Shame I Know”

mardi 1 avril 2025